Macron dissout l’Assemblée : 3 questions sur des législatives aussi imminentes qu’imprévues

POLITIQUE - Flou de poker. À peine le résultat des élections européennes connu ce dimanche 9 juin, le président de la République Emmanuel Macron a pris tout le monde de court en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale, et la convocation de fait, de législatives anticipées.

La dissolution de l’Assemblée décidée par Macron réjouit Le Pen, Mélenchon et Ciotti

« Après avoir procédé aux consultations prévues à l’article 12 de notre Constitution, j’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote », a-t-il lancé, dans une allocution diffusée quelques secondes après l’officialisation de la débâcle de son camp et du triomphe du Jordan Bardella pour le Rassemblement national.

Un coup inattendu mais qui ouvre de nombreuses questions à l’heure où les Français vont de nouveau être appelés à choisir leurs députés. Le HuffPost vous en résume quelques-unes dans la vidéo en tête de l’article.

Qui pour mener le camp présidentiel ?

Du côté de la Macronie, tout d’abord. Le chef de l’État et ses troupes viennent de subir une claque retentissante. Elle est sans doute encore plus violente pour Gabriel Attal, tant le Premier ministre, présenté par certains comme l’arme anti-bardella, s’est impliqué corps et âme dans la campagne de Valérie Hayer. Le chef du gouvernement était d’ailleurs très discret ce dimanche soir, absent.

Dès lors pourra-t-il mener ce combat ? Ou un autre poids lourd, Édouard Philippe ou François Bayrou devront-il s’y coller ? Plus largement, quelle sera la place des alliés d’Emmanuel Macron, le MoDem et Horizons ? Ces mêmes alliés qui attendaient patiemment les européennes pour se détacher du président.

La gauche va-t-elle s’unir ?

La situation est tout aussi floue à gauche. Les différents partis représentés à l’Assemblée nationale (PCF, EELV, LFI, PS) ont fait bande à part pour les européennes. Et le climat s’en retrouve plus délétère que jamais entre eux. La question d’une nouvelle alliance se pose donc.

C’est la Nupes qui avait permis à la gauche de compter quelque 150 députés en 2022. Le principe, à l’époque : un candidat unique par circonscription pour envoyer Jean-Luc Mélenchon à Matignon. Or, les différentes réactions dimanche soir montrent qu’une entente globale sera éminemment complexe à nouer. Raphaël Glucksmann, dont la ligne sociale-démocrate est sortie renforcée aux européennes, a par exemple déjà appelé à une alliance entre le Parti socialiste et les écologiques. Mais sans les insoumis. L’appel de François Ruffin à un « front populaire » face à l’extrême droite rencontre toutefois un bon écho à gauche ce lundi, et une réunion entre les différentes formations de l’ex-Nupes est prévue ce lundi après-midi.

Au RN, qui pour transformer l’essai ?

Enfin, de l’autre côté du spectre politique, les choses sont plus simples. En apparence. Satisfait de la dissolution, qu’il appelait de ses vœux, le Rassemblement national veut transformer l’essai. En clair : installer une cohabitation et poser les valises à Matignon

Mais qui mènera le combat ? Jordan Bardella ? Le chef du RN jouit d’une popularité insolente, et sort des européennes couronné de succès. Mais le plan du parti d’extrême droite était de le faire Premier ministre, avec Marine Le Pen comme présidente. Est-ce donc à elle de mener la campagne ? Et avec ou sans Éric Zemmour comme allié sur le porte-bagage ? À l’extrême droite comme ailleurs, la période qui s’ouvre promet son lot de rebondissements.

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