Macron cite le Covid-19 et la course au vaccin pour lancer une « révolution » de la recherche française

POLITIQUE - La pilule n’est toujours pas passée. Le président de la République a dressé un constat relativement critique de l’état de la recherche en France ce jeudi 7 décembre, lors d’une rencontre organisée à l’Élysée avec de nombreux chercheurs pour brosser la stratégie de l’exécutif en la matière pour les années à venir. Avec un exemple parlant, à ses yeux : l’épidémie de Covid-19.

« Je ne peux pas vous dire que le fait que la France ait guetté la découverte d’un vaccin […] chez les voisins fut le signe d’une formidable santé et justifie quelque triomphalisme de notre part », a notamment lancé Emmanuel Macron à son auditoire, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, regrettant à nouveau ne pas avoir été « au cœur de cette course et de cette excellence ».

Ce souvenir d’une « étrange défaite », la France ayant découvert le principe de l’ARN messager mais n’ayant pas su mettre au point le remède, justifie une « vraie révolution », estime le président de la République.

Transformer les organismes de recherche

Emmanuel Macron a donc promis de « transformer » la recherche d’ici 18 mois pour la rendre « plus compétitive » et remédier notamment à un « morcellement » qui affaiblit sa position mondiale. Selon le chef de l’État, ce « morcellement désordonné » de la recherche « nous prive de nous concentrer sur de grands défis partagés, nous empêche d’être réactifs en cas d’urgence et diminue notre capacité parfois d’être attractif aussi dans le monde ».

Emmanuel Macron a donc indiqué son souhait de « transformer nos grands organismes nationaux de recherche », comme le CNRS, l’Inserm ou l’Inrae, « en de vraies agences de programmes », qui soient « stratèges » dans leur domaine.

Il a énuméré les spécialités dévolues aux organismes transformés : climat, biodiversité et sociétés durables au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ; santé à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ; agriculture, alimentation durable, forêt et ressources naturelles associées pour l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) ; énergie décarbonée au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ; numérique logiciel à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) : spatial au Centre national d’études spatiales (Cnes).

« Acte II de l’autonomie » pour les universités

Parallèlement, le président de la République a plaidé pour donner davantage « d’autonomie » aux universités pour qu’elles « organisent et gèrent la recherche » au niveau local, selon une « logique de site ». « Ce que je leur propose, c’est, d’ici à 18 mois, d’ouvrir l’acte II de l’autonomie et d’aller vers la vraie autonomie », a-t-il lancé, ce qui implique de « vrais contrats pluriannuels » et « une gouvernance réformée. »

Pour Emmanuel Macron, « il faut avancer sans tabou » sur « les enjeux de gouvernance, de modèle économique et, en effet, bâtir des vrais contrats d’objectifs, de moyens et de performance avec des financements beaucoup plus incitatifs. »

L’acte un de l’autonomie, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avait donné lieu à un long bras de fer. Conscient de cet écueil, le chef de l’État a plaisanté sur le fait que sa ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, lui avait « interdit de prononcer le mot » de « statut » pour les personnels car le modifier serait « tout de suite la bronca ». « Tout le monde va se mettre en travers, on n’arrivera à rien faire », a-t-il acquiescé, « donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts. »

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