Macédoine du Nord : pourquoi la présidente, Gordana Siljanovska-Davkova, refuse de dire le nouveau nom du pays

Gordana Siljanovska-Davkova, candidate à la présidence de la Macédoine du Nord pour le parti VMRO-DPMNE, célèbre sa victoire au second tour des élections présidentielles à Skopje, le 8 mai 2024.
ROBERT ATANASOVSKI / AFP Gordana Siljanovska-Davkova, candidate à la présidence de la Macédoine du Nord pour le parti VMRO-DPMNE, célèbre sa victoire au second tour des élections présidentielles à Skopje, le 8 mai 2024.

INTERNATIONAL - Une omission volontaire. Lors de sa prestation de serment ce dimanche 12 mai, Gordana Siljanovska-Davkova, première femme présidente de la Macédoine du Nord, a refusé de prononcer le nouveau nom du pays utilisé depuis un accord conclu en 2018 avec la Grèce. Et cela n’a rien d’anodin.

« Je déclare que j’exercerai la fonction de présidente de Macédoine de manière consciencieuse et responsable, que je respecterai la Constitution et les lois et que je protégerai la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Macédoine », a déclaré Gordana Siljanovska-Davkova devant les députés du Parlement et des invités à la cérémonie.

Pourtant, dans le texte officiel qu’elle a répété, c’est bien le nom constitutionnel de Macédoine du Nord qui était inscrit.

Un accord avec la Grèce vu comme une « humiliation »

Appeler son pays la « Macédoine » et non la « Macédoine du Nord » est tout à fait voulu par la candidate du parti VMRO-DPMNE, la droite nationaliste, élue le 8 mai pour un mandat de cinq ans au deuxième tour de l’élection présidentielle. La juriste de 71 ans a battu avec 65 % des voix le chef de l’État sortant social-démocrate, Stevo Pendarovski.

De fait, Skopje a conclu en 2018 un accord « historique » avec la Grèce, en acceptant d’ajouter la mention géographique « du Nord » au nom du pays, pour mettre fin à une querelle de longue date avec son voisin, qui bloquait pour cette raison son adhésion à l’Otan et ses négociations d’adhésion à l’Union européenne (UE). En effet, depuis plus de 25 ans, la Grèce et l’ancienne république yougoslave se crêpaient le chignon sur le nom de « Macédoine », la première pour sa région, la deuxième pour son pays.

La Macédoine du Nord est ainsi devenu membre de l’Otan en 2020, mais pour le VMRO-DPMNE de Gordana Siljanovska-Davkova cet accord avec la Grèce est une « humiliation ».

Le geste de la nouvelle présidente a été rapidement désapprouvé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, peu après un premier message de félicitations envoyé sur le réseau social X. « Afin que la Macédoine du Nord poursuive avec succès son chemin vers l’adhésion à l’UE, il est primordial que le pays continue sur la voie des réformes et du respect entier de ses accords obligatoires, y compris de l’accord de Prespa », a-t-elle écrit sur son compte.

Le retour au pouvoir de l’opposition de droite dans ce pays pauvre des Balkans de 1,8 million d’habitants risque de raviver les tensions avec la Grèce, mais aussi avec la Bulgarie, qui pose ses propres conditions pour faire avancer les négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE.

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