Même le 8 mai, Emmanuel Macron rattrapé par la réforme des retraites

Emmanuel Macron lors de la cérémonie en hommage à Jean Moulin, le 8 mai, à Lyon
Emmanuel Macron lors de la cérémonie en hommage à Jean Moulin, le 8 mai, à Lyon

POLITIQUE - Pas de trêve. Alors que la France célèbre en ce 8 mai la victoire des Alliés contre l’Allemagne nazie, Emmanuel Macron est rattrapé par la crise de la réforme des retraites qui n’est pas encore éteinte.

Lundi matin, la mise en place d’un large périmètre de sécurité pour empêcher l’opposition de manifester a donné des images d’un Emmanuel Macron remontant les Champs-Élysées en voiture, sans personne sur son passage. Une séquence qui accentue la solitude régulièrement décrite du chef de l’État en ce début de second quinquennat.

« On voulait voir le président, on est très déçus »

Pour éviter les risques de casserolades, récurrents depuis l’adoption de la réforme des retraites, tout rassemblement a en effet été interdit aux abords de la célèbre avenue parisienne. Des filtrages stricts ont aussi été mis en place et le public tenu à bonne distance du défilé.

« On voulait voir le président, on est très déçus. On comprend pas bien pourquoi il y a tout ce bazar », déplore auprès de l’AFP Adrien Prevostot, bloqué avec sa fille à 200 mètres des Champs-Élysées. « Les cérémonies militaires, c’est fait pour que la population soit derrière le drapeau. C’est quand même dommage pour la France », abonde Stanislas, un habitant du quartier.

Dans l’après-midi, les casseroles n’ont pu être évitées à Lyon. Une manifestation à l’appel de la CGT a été interdite, et la justice a validé cette interdiction, malgré le recours du syndicat. Néanmoins et face à un important dispositif policier, des milliers de manifestants selon l’AFP se sont rassemblés avant l’arrivée du président de la République, en dehors du périmètre de sécurité.

« On restera mobilisés jusqu’au retrait »

Une nouvelle mobilisation qui vient atténuer la volonté d’union autour de la figure de Jean Moulin et d’autres résistants honorés par Emmanuel Macron qui a visité la prison de Montluc où le responsable de la résistance a été torturé par la Gestapo. « C’est Emmanuel Macron qui est visé, pas Jean Moulin », a précisé l’eurodéputée insoumise Manon Aubry sur France Info le 8 mai au matin. « À chaque fois qu’il sortira dans la rue, il y aura une contestation sociale massive », a-t-elle prévenu.

À son arrivée devant la prison de Montluc, le président de la République a été interpellé par le sénateur EELV du Rhône Thomas Dossus : « Merci d’être là, on aurait aimé qu’il y ait un peu plus de monde mais c’est compliqué »... Ce à quoi Emmanuel Macron a répondu : « Je pense que l’esprit civique mériterait à être largement diffusé (...) Les fautes de ton ne sont jamais bonnes, ce sont des moments de réunion où il faut plutôt s’élever ».

« L’esprit civique mériterait d’être largement diffusé » Emmanuel Macron

Alors que le président a rendu hommage aux victimes de la déportation et notamment aux 44 enfants juifs d’Izieu ; dans la rue, certains manifestants se disaient eux-mêmes « résistants ». « Le gouvernement ne nous écoute pas, on restera mobilisés jusqu’au retrait », a déclaré un opposant à la réforme, au micro de BFMTV.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, a jugé dimanche sur le plateau du « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro, « inacceptables » d’éventuels rassemblements. « Il y a un temps pour tout. (Le 8 mai, ndlr), c’est le temps de la mémoire, du recueillement et du rassemblement dans notre pays ».

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