Métros "blindés", crainte d'une hausse des prix: ces Parisiens préfèrent quitter la capitale pendant les JO 2024

Une grande fête sportive qui n'enchante pas tout le monde. Alors que la maire PS de Paris Anne Hidalgo a appelé les Parisiens à rester dans la capitale pour profiter des Jeux olympiques, prévus entre le 26 juillet et le 11 août prochains, son appel n'a pas séduit tous les habitants.

"On va vibrer ensemble. Paris va être magnifique! Ne partez pas cet été, ne partez pas, ce serait une connerie, cela va être incroyable!", a-t-elle clamé en février dernier.

Pourtant, selon une étude Ipsos pour Trainline parue en mars dernier, près d'un Francilien sur deux (47%) a décidé de quitter ponctuellement la région parisienne en août en raison des Jeux olympiques, notamment à cause de la foule de touristes attendus ou de possibles difficultés de déplacement. Un sondage mené par Harris interactive pour le ministère du Tourisme évoque pour sa part 69% de Franciliens qui envisagent, par choix ou non, de rester en Île-de-France cet été.

"Je ne me retrouve pas dans ces Jeux"

En raison des JO, Laura, ergothérapeute, a décidé cet été, contrairement aux années précédentes, de partir en vacances au début du mois d'août.

"Je ne le fais jamais. D'habitude, je pars en dehors des vacances scolaires", explique la Parisienne de 30 ans à BFMTV.com.

"J'aime bien le rythme ralenti à Paris en août, qu'il y ait moins de monde", dit-elle, précisant aussi qu'elle apprécie de partir en décalé pour des raisons financières, n'ayant pas d'enfant.

Cet été, Laura craint que l'ambiance soit bien différente dans la capitale. Sa première inquiétude? "La foule". La jeune femme redoute également les restrictions de circulation imposées dans certains secteurs, à proximité des épreuves. "Ces règles me rappellent le Covid. Je n'ai pas envie de cette ambiance-là", soutient-elle.

Si elle a tenté dans un premier temps d'obtenir des places pour assister à certaines épreuves sportives, le prix a vite rebuté Laura qui a donc renoncé. Globalement, "je ne me retrouve pas dans ces Jeux", affirme-t-elle.

La crainte de l'afflux de touristes

La question de l'afflux de touristes à Paris préoccupe la plupart des habitants qui ont choisi de fuir la capitale cet été.

"Ça va être l'horreur", estime Dorit, 80 ans, vivant dans le 18e arrondissement.

La retraitée parisienne, qui circule habituellement en transports en commun ou en voiture, anticipe des difficultés de circulation. Elle a donc choisi de quitter la capitale fin juillet, jusqu'au 4 août. "J'aurais voulu ne pas être là pour toute la durée des JO, mais je n'ai pas les moyens de mes envies", explique-t-elle.

Des stations de métro et de Vélib fermées

Même inquiétude pour Sacha, 29 ans. Si la région Île-de-France a annoncé un renforcement de plusieurs lignes de transport jusqu'à 70% pendant les JO, cela ne suffit pas à rassurer la jeune Parisienne qui imagine déjà des quais de métro "blindés de personnes". "Je prends la ligne 4 pour le travail et c'est déjà compliqué (de circuler) en ce moment", souligne-t-elle.

"Dans les transports, il n'y a pas la clim. Si c'est pour attendre encore plus dans le métro, ce n'est pas peine", juge également Claire, 37 ans, qui redoute l'addition de la foule et de la chaleur cet été.

En plus, "la station (de métro) Concorde, près de mon lieu de travail sera fermée", s'agace-t-elle. Adepte des vélos en libre-service, la trentenaire redoute également des difficultés de ce côté-là. "Il y aura plein de zones fermées et on ne pourra pas déposer nos Vélib", s'inquiète-t-elle.

Autre crainte chez certains Parisiens, une possible hausse des prix pendant les Jeux. "Les restaurants vont augmenter leur carte pour cette période", estime Claire. "Si c'est pour se retrouver devant une salade à 17 euros au lieu de 10, franchement c'est moyen".

Des négociations parfois nécessaires

Si les envies de départs pendant les JO ne sont pas rares, elles ne sont pas toujours évidentes à concrétiser. Claire, responsable marketing, a notamment dû ruser.

"Mon entreprise n'est pas favorable au télétravail, donc j'ai dû prendre des vacances pendant cette période pour être sûre de pouvoir partir", explique-t-elle.

Dès le 13 mars, jour d'ouverture de la vente des billets de train de la SNCF pour cet été, la trentenaire se tenait prête à faire ses réservations. "J'étais devant mon ordi dès 5 heures du matin", assure-t-elle en riant. Détentrice d'une carte d'abonnement de la SNCF, elle dit avoir posé "toutes les options possibles" pour avoir la garantie d'obtenir des billets aux horaires qui lui conviennent et de ne pas être à Paris entre fin juillet et début août.

Un discours "contradictoire" de la part de la Ville?

Concernant les propos d'Anne Hidalgo qui appelait les Parisiens à ne pas manquer les Jeux, les personnes interviewées se montrent divisées. "Elle ferait mieux de se taire", fustige Dorit, ne cachant pas son agacement. De son côté, Laura se montre plus mesurée. "Je pense qu'elle a raison, il peut y avoir une émulation, mais j'en profiterai avant et après", dit-elle.

Claire, de son côté, pointe une sorte "d'hypocrisie" et de "contradiction" dans le discours de la mairie. Alors que l'élue appelle à rester à Paris, dans le même temps, les autorités conseillent aux habitants de limiter leurs déplacements, sur la plateforme Anticiper les Jeux.

Le site, mis en ligne pour donner des conseils aux Parisiens pendant les JO, invite notamment ceux qui le peuvent à privilégier le travail à distance ou à se mettre en horaires décalés et encourage la pratique de la marche ou du vélo pour les petites distances afin d'éviter d'encombrer les transports en commun.

Tous ne pourront pas partir

Si certains Parisiens veulent quitter la capitale cet été, tous ne verront pas leur souhait exaucé. Anne-Gaëlle, salariée dans un hôtel de la capitale, ne pourra pas partir, malgré son envie. "Je suis obligée de rester pour mon travail", déplore-t-elle.

Si elle dit avoir été enthousiaste il y a quelques mois, elle explique avoir vu sa motivation baisser avec le temps. "Il y a beaucoup d'épreuves qui sont prévues à Saint-Denis ou dans d'autres villes (que Paris)", dit-elle, estimant que l'ambiance des Jeux ne touchera que "certains quartiers". Elle se dit maintenant "blasée" par avance de cet événement.

Véronique, 52 ans, salariée dans le secteur des assurances, ne pourra pas non plus partir pendant les JO, son entreprise étant opposée au télétravail. "(Mes employeurs) soupçonnent les collaborateurs de regarder les JO chez eux. La confiance règne", ironise-t-elle.

En conséquence, son entreprise a choisi d'"inciter les collaborateurs à poser leurs congés pendant les JO en abaissant le taux de présents requis de 50 à 30 ou 40%". "Pour les autres, on pourra poser des jours de télétravail exceptionnels à condition de justifier d'une gêne en fonction de la ligne de transport empruntée et des événements sportifs du jour, explique-t-elle.

Article original publié sur RMC Sport