Météo: les "Saints de glace", censés apporter du froid au printemps, sont-ils une réalité?

Depuis des siècles, Saint-Servais, Saint-Pancrace et Saint-Mamert sont particulièrement craints. Célébrés les 11, 12 et 13 mai, ils ont la réputation d'apporter le froid et la gelée alors que le printemps bat son plein, signature d'un ultime sursaut de l'hiver.

Pas de "base scientifique"

Selon la croyance populaire, ces saints - devenus depuis 1960 Sainte-Estelle, Saint-Achille et Sainte-Rolande dans le calendrier - sont invoqués par les agriculteurs et jardiniers pour anticiper l'effet d'une baisse de la température sur les cultures et surtout le risque de gel la nuit.

Une fois ces dates passées, les gelées tardives, particulièrement délétères pour les plantations, ne seraient plus à craindre.

"La croyance n'a strictement aucune base scientifique", explique à BFMTV.com le climatologue Davide Faranda.

"Au Moyen-âge, pendant le petit age glaciaire, le climat était différent et il était possible d'observer des températures aussi négatives en mai", poursuit le spécialiste. "En observant les températures minimales ces dernières années les 11, 12 et 13 mai, on constate qu'elles sont, sans surprise, contrastées d'une année sur l'autre", précise de son côté Météo-France.

Les archives de l'institut météorologique montrent d'ailleurs que le gel aux Saints de glace est même assez rare. L'an dernier, en 2022, ces trois jours avaient même été marqués par une remontée d'air chaud en provenance du Sahara, entraînant une vague de chaleur exceptionnelle pour la saison.

La crainte des gelées

Le mythe autour des Saints de glace est lié au climat du mois de mai, qui s'accompagne généralement de changements de températures marqués, oscillant entre des valeurs presque estivales ou encore quasi-hivernales. C'est pour cela qu'à cette période, les gelées sont encore redoutées.

Bien que pas toujours vérifiée, la tradition fait que les jardiniers actuels tendent à patienter jusqu'à la mi-mai pour planter en extérieur certaines plantes. En effet, les épisodes de gels sont bien plus problématiques au printemps qu'en hiver car à cette période la végétation est en pleine croissance.

"Les cultures et les plantes qui ont commencé à pousser au printemps peuvent être endommagées par ces gelées, ce qui peut avoir des conséquences économiques importantes pour les agriculteurs", détaille Davide Faranda.

"Par ailleurs, des gelées en plaine ne sont pas impossibles après les Saints de glace", poursuit Météo-France.

Peu de risque de gel aux Saints de glace 2023

Cette année, le risque de gelées aux Saints de glace semble limité. Les journées de jeudi, vendredi et samedi seront globalement marquée par une nouvelle goutte froide, phénomène provoquant un temps perturbé. Selon les prévisions de Météo-France, les températures resteront souvent un peu au-dessous des normales de saison, notamment sur la moitié sud.

Toutefois, "cette situation n'est pas forcément synonyme de gel", précise la Chaîne météo. En effet, les gelées surviennent essentiellement lorsque les nuits sont dégagées ce qui accentue la perte de chaleur. "Il ne gèlera pas en raison de la présence de nombreux nuages nocturnes, limitant le rayonnement nocturne", malgré la baisse des températures, résume le site.

"Chaque année est différente"

Le réchauffement climatique pourrait-il affecter les gelées tardives? "Si le printemps arrive plus tôt et qu'il fait plus chaud, les plantes peuvent commencer à pousser plus tôt, ce qui les rend plus vulnérables aux gelées tardives. En revanche, si les températures augmentent en moyenne, cela peut rendre les gelées tardives moins probables", explique Davide Faranda.

Météo-France anticipe donc que les gelées de printemps "continuent et continueront" à se produire malgré le réchauffement climatique car, en somme, plus il fait chaud, plus les bourgeons éclosent tôt.

Le scientifique rappelle que "chaque année est différente". "Il est donc toujours conseillé de suivre les prévisions météorologiques et de protéger les cultures si nécessaire", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com