Ménage de printemps: pourquoi nettoyer nous fait tant de bien?

Avec l'arrivée du printemps, une envie contagieuse d’épousseter les toiles d’araignée et de mettre de l'ordre dans nos affaires se fait progressivement sentir. Le traditionnel "ménage de printemps" fait son grand retour, une occasion de nettoyer sa maison de fond en comble tout en éprouvant un sentiment de satisfaction intense.

Mais, d'où vient ce soudain besoin de s'y mettre? Quels sont les ressorts psychologiques qui font que l'on se sent bien après le grand ménage?

Ranger calme l'esprit

Si l'arrivée du printemps suscite chez la plupart d'entre nous une ardente envie de passer à l'action, c'est parce qu'il symbolise un nouveau départ. "Au cours de l'hiver, nous sommes plutôt dans un état d'hibernation. Le manque d'ensoleillement agit en général sur notre humeur et nos comportements, tandis que l'arrivée du printemps symbolise le début d'un nouveau cycle", analyse Christine Barois, psychiatre et spécialiste du stress.

Faire le tri, ranger les placards ou encore s'occuper du jardin représentent selon la psychiatre des "actions répétées" capables d'agir sur notre psychisme.

"Les actions répétées donnent une illusion de contrôle", perçoit Christine Barois.

"En faisant le grand ménage, on remet à la fois de l'ordre dans sa maison, mais aussi dans son esprit. Cette impression de contrôle apaise immédiatement, puisque l'ordre et la propreté font toujours du bien", ajoute-t-elle.

Plus encore, si nous faisons le ménage "en pleine conscience" (en étant attentif au moment présent), estime la psychiatre, nous réduisons considérablement notre stress. "Prenez la vaisselle par exemple, si vous avez conscience de l'eau qui coule sur vos mains, de vos sensations et de l'action que vous êtes en train d'exécuter, vous ne prêterez plus attention à ce qui vous angoissait auparavant. Vous laissez votre intellect de côté".

"Agir sur sa maison, c'est agir sur soi"

Cette envie fulgurante de faire le ménage possède également des bienfaits thérapeutiques. On trie, on jette, on réorganise "comme on le ferait dans la vraie vie", commente Patrick Estrade, psychothérapeute et auteur de la Maison sur le divan.

"Agir sur sa maison, c'est comme agir sur soi-même", examine-t-il.

On scrute ce qui est abîmé ou usé et on se demande ce qui pourrait encore servir ou ce dont il faudrait enfin se débarrasser. On met de l'ordre dans les placards pour ensuite faire de même dans notre environnement. "Cela commence par des petites choses du quotidien comme passer à la cave ce qui autrefois dormait dans le grenier", illustre Patrick Estrade.

Une activité "thérapeutique" qui lui rappelle une citation du philosophe italien Antonio Gramsci "la crise c'est quand le vieux ne veut pas mourir et le que le neuf ne veut pas naître". De fait, faire le grand ménage symbolise le renouveau et permet de faire régner chez soi une atmosphère plus sereine.

"Le printemps c'est le moment où la vie revient, où on ouvre les fenêtres pour faire accueillir le renouveau", ajoute-t-il.

Bien qu'on ignore précisément l'origine de ce rendez-vous saisonnier, le nettoyage de printemps fait écho à plusieurs fêtes religieuses, indique National Geographic. Dans la tradition juive par exemple, Pâque, appelé Pessa'h, est un moment propice au grand ménage. Les Juifs retirent toute trace de pain levé, interdit pendant la fête, en mémoire de la libération des esclaves israélites en Egypte antique.

De même, dans la culture iranienne, Norouz (la fête du nouvel an) est célébré vers l’équinoxe de printemps en mars et implique de suivre un rituel appelé khane-takani, qui signifie littéralement le fait de "secouer la maison". Pour cela, les croyants lavent soigneusement leurs vêtements, les couvertures et les textiles.

Article original publié sur BFMTV.com