En mémoire de l’esclavage, ce village colombien célèbre Noël en février

À Quinamayó, petit village afro-colombien situé dans le sud-ouest du pays, on ne célèbre pas Noël en décembre, mais en février. Il s’agit de “vestiges de l’époque coloniale encore présents sur ce territoire”, indique le journal El Espectador, qui s’est intéressé à cette tradition atypique à l’approche des fêtes de fin d’année.

“Cette fête est née de l’interdiction des esclavagistes, qui ne permettaient pas aux esclaves de célébrer avec eux, chaque année au mois de décembre, la naissance du Christ. Alors, en réponse, les esclaves ont décidé ensemble d’organiser leur propre célébration deux mois plus tard, lorsqu’ils avaient le droit de se reposer.”

À présent, du 18 au 20 février, les rues du village sont parcourues par une procession à laquelle participent quelque 6 000 habitants, à une heure et demie de la ville de Cali, capitale du département du Valle del Cauca. L’abolition de l’esclavage en Colombie remonte à 1851, et cette coutume perdurerait depuis près de cent cinquante ans.

Après avoir prié dans une des maisons du voisinage, un couple de “parrains” porte à travers le village la statuette d’un Enfant Jésus noir, au son d’une fanfare de tambours, de saxophones et de clarinettes, explique la commune voisine de Jamundi sur son site internet. Un peu comme à La Nouvelle-Orléans.

“Traditions afros”

Et plus la nuit avance, plus le rythme et les battements cardiaques augmentent, tandis que de la poudre et des torches illuminent le chemin, et que les discothèques et les bars éteignent musique et lumière en signe de respect. On n’entend plus alors que la juga, la danse qui symbolise la célébration et qui se caractérise par des pas courts, étant donné que les esclaves, enchaînés, ne disposaient que de peu de liberté de mouvement, rappelle El Espectador.

Selon l’agence EFE, reprise par le journal El Colombiano : “Il y a deux prononciations : juga, parce que la danse est une sorte de jeu entre les communautés, et fuga [“fuite”] parce que bon nombre [d’esclaves] ont réussi à s’enfuir dans le Valle del Cauca pour installer leurs palenques [“refuges”] loin des coups de leurs maîtres.” Au-delà de la fête, la célébration sert aussi à enseigner aux plus jeunes “les traditions afros héritées de leurs ancêtres” et leur histoire, dans un pays ou 9,34 % de la population est noire, selon les chiffres officiels de 2018.

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