Médine dénoncé par le RN pour des « menaces » en concert à Agen

Le rappeur Médine, ici à Gronfreville-l'Orcher le 23 mars.
Le rappeur Médine, ici à Gronfreville-l'Orcher le 23 mars.

CULTURE - Marine Le Pen dénonce « une infamie ». La cheffe de file des députés RN à l’Assemblée nationale a accusé le rappeur Médine « d’appeler à la violence » après que ce dernier a fait détruire une piñata à l’effigie de deux élues du Rassemblement national lors d’un concert à Agen (Lot-et-Garonne) le 8 avril.

« Les menaces du rappeur islamiste Médine à l’encontre de deux de nos élues, Edwige Diaz et Julie Rechagneux, sont une infamie. C’est un véritable appel à la violence et à la haine ! La justice doit désormais se saisir au plus vite pour faire condamner ces ignominies », a dénoncé lundi 10 avril sur Twitter l’ancienne candidate à la présidentielle.

Même indignation chez Jordan Bardella, président du Rassemblement national, qui dénonce « un appel à la violence que toute la classe politique, je l’espère, condamnera clairement ».

La conseillère régionale RN de Nouvelle-Aquitaine, Julie Rechagneux, a affirmé sur Twitter que le rappeur originaire du Havre avait « offert en pâture à son public une piñata » (une structure, généralement réalisée en papier mâché, que l’on doit détruire pour récupérer les sucreries ou jouets qu’elle contient) avec son « visage dessus » et celui de la députée RN de Gironde Edwige Diaz. Selon elle, le public s’en est ensuite « occupé », une information relayée par le journal Sud-Ouest. « Nous ne laisserons pas cette affaire sans suite », a également commenté l’autre élue concernée.

« Vous croyiez vraiment qu’une petite pétition signée Edwige, Julie et Godefroy allait m’empêcher de venir chez vous ? » aurait lancé le rappeur lors de son concert, selon La Dépêche.

Le 5 avril, le parti Reconquête ! dans le Lot-et-Garonne avait publié un communiqué pour dire son opposition à la venue de Médine pour son concert du 8 avril. « Rappelons que le rappeur s’est fait connaître avec son premier album au titre évocateur de “11 septembre” en 2004 puis en 2005 avec l’album “Jihad” décoré par un sabre en or en guise de couverture. En 2015, il récidive dans le clip “Don’t Laïk” dans lequel il propose de “crucifier les laïcards”. Il cultive les ambiguïtés mais ses proximités passées avec des personnalités et associations de la mouvance islamiste ont déjà été largement démontrées », peut-on lire.

La veille, Edwige Diaz, l’une des deux élues affichée sur la piñata, avait fait savoir sur Twitter qu’elle avait réclamé dans une lettre à la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, de faire retirer son label « Scène de musiques actuelles » (SMAC) à la salle de concert, « gérée par une association » et subventionnée par l’État, qui devait l’accueillir.

Médine « pas du tout inquiet »

Le rappeur a répondu aux indignations du RN sur son concert par une provocation, en publiant lundi des photos de lui sur scène avec la piñata et en souhaitant « Joyeuses Pâques » à ses détracteurs.

Le même jour, il a également affirmé à Mouv’ qu’il n’avait pas « l’intention d’abandonner » et qu’il n’était « pas du tout inquiet » de ces polémiques. Il s’est même demandé « comment ils vont réussir à amener cette affaire en justice ». L’interprète de « Don’t Laïk » dénonce une « parole raciste » qui se « normalise et arrive progressivement dans le débat public ». « C’est, encore une fois, une volonté de discréditer toute personne qui s’exprime », selon le chanteur.

Dans un nouveau tweet publié ce mardi matin, le chanteur a « tenu à présenter toutes (ses) excuses aux piñatas du monde entier, pour leur avoir fait supporter ce cosplay (déguisement, ndlr) de députés RN ».

Ce n’est pas la première fois que le rappeur est au cœur de polémiques avec la droite et l’extrême droite. Régulièrement qualifié « d’islamiste », Médine avait déjà été la cible de critiques au début du mois pour avoir publié une vidéo de lui en train de lancer des fléchettes sur des photos d’élus RN et LR qui avaient tenté de faire annuler son concert.

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