Les médias et Macron : retour au temps de l’ORTF

Emmanuel Macron et Laurent Delahousse, le 18 décembre 2017..

Avec la nomination du pro-macroniste Bertrand Delais à la tête de LCP, le président de la République est-il en train de réinventer un ministère de l'Information ?

La macronie aurait-elle commencé à célébrer, de façon funèbre, le cinquantenaire de Mai 68 ? Le Président laisse en tout cas se dégager un parfum d’ORTF. La décision de nommer Bertrand Delais à la tête de LCP, La chaîne parlementaire, sonne comme une provocation, une marque de profond mépris pour l’indépendance des médias publics comme pour le pluralisme. Bertrand Delais n’a pas seulement des accointances avec la sensibilité politique de LREM : son profil est clairement militant. Avec deux documentaires sur Macron en poche, il affiche un compte Twitter ouvertement favorable au Président et hostile à toutes les oppositions.

Le président de l’Assemblée, François de Rugy, peut se cacher derrière une procédure : c’est bien un choix politique qui a été fait, celui d’une mise au pas, de l’allégeance requise. Imaginez les cris d’orfraie qui auraient été poussés si LFI, majoritaire dans le pays, avait nommé Gilles Perret, réalisateur du film l’Insoumis à la tête de LCP !

Aujourd’hui, c’est bien l’ère Macron qui porte des coups saignants contre le pluralisme des médias et la démocratie. La promenade élyséenne du Président sur France 2, avec les questions les plus courtisanes de l’histoire du journalisme français posées par Laurent Delahousse, a imprimé sa marque. Macron réinvente le ministère de l’Information et pourquoi pas celui des bonnes nouvelles. Il souhaite au fond que l’Etat décide de ce qui est ou non une vérité. Avec son combat contre les «fausses nouvelles», Macron vise les contre-pouvoirs et l’horizontalité des réseaux sociaux. Et quand il reproche sa question à une journaliste lors d’une conférence de presse en Inde, son dédain pour la liberté des médias est officiel.

Le secret des sources menacé

Au mépris de nos principes constitutionnels, le président de la République entend limiter tous les espaces (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Bruno Latour: «Avec le réchauffement, le sol se dérobe sous nos pieds à tous»
Non à la torture animale au nom de l’art
Tariq, ou les infortunes de la vertu
La face tristement antisémite d’Alain
Macaques, hannetons et dauphins, ces bêtes d’(homo) sexe