Ces médecins nigérians soumis “à des conditions proches de l’esclavage” au Royaume-Uni

“J’étais vraiment tendu. Je me disais : ‘Mon Dieu, je retourne de nouveau dans cette prison.’ Le Dr Augustine raconte au site de la BBC le mal-être qu’il ressentait en se rendant à l’hôpital Nuffield, un établissement privé de Leeds, en Angleterre. Ce médecin nigérian a été recruté en 2020 par la société britannique NES Healthcare pour venir exercer au Royaume-Uni. Il raconte à la chaîne britannique “des horaires extrêmes”, qui confinent au travail forcé et qui entraînent des risques “pour la santé des patients”.

Avec l’équipe de la BBC, le Dr Augustine revient sur son ancien lieu de travail qui, affirme-t-il, “a bien failli le briser” :

“Je ne peux pas expliquer ce que c’était, d’être confiné dans cet endroit 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. […] Je me réveillais à 6 h 30 et commençais ma garde à 7 heures […] pour travailler jusqu’à 11 heures du soir.”

Sans compter les difficultés à trouver le sommeil, lorsque les patients réclament des soins la nuit. Comme le Dr Augustine, quelque 9 500 médecins nigérians exercent au Royaume-Uni. “Le recrutement à l’étranger, poursuit le média, n’a jamais été aussi important : 40 % des médecins ont été formés en dehors du pays.”

Comment les praticiens nigérians se retrouvent-ils dans cette situation ? L’enquête de la BBC a démontré que leur recrutement bafoue les réglementations en vigueur au Royaume-Uni.

Une “liste rouge” non respectée

Dans la ville de Lagos, capitale économique nigériane, “les richesses issues du pétrole côtoient une pauvreté extrême, néfaste pour l’espérance de vie”, rappelle le titre : “L’espérance de vie de la majorité de la population ne dépasse pas les 54 ans.” À Makoko, un bidonville sur pilotis situé à quelques kilomètres de la métropole, la plupart des habitants n’ont jamais consulté de médecin de leur vie, confirme un habitant interrogé sur place :

“Les médecins nigérians partent à l’étranger, en raison du salaire qu’ils reçoivent chaque mois et qu’ils ne pourraient pas avoir ici.”

Pour limiter cette fuite des cerveaux, qui nuit gravement à la santé publique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi une liste des pays souffrant d’une pénurie de médecins au sein desquels les autres États ne doivent pas recruter. Le gouvernement britannique a d’ailleurs intégré cette liste dans son propre code de bonnes pratiques, sous le nom de “liste rouge”.

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