Médecine, je t'aime moi non plus

Manifestation d'étudiants en médecine, à Paris le 18 avril 2017.

Malgré ses premières années d'études âpres et «absurdes» et l'obligation de repasser des épreuves supplémentaires lors de l'examen clôturant son deuxième cycle, Caroline D. ne renonce pas à sa vocation de «sauver des vies». Consciente que son identité s'est perdue dans le flot d'humiliations, de mépris et d'irrespect au cours de ces années d'apprentissage.

J’ai fait médecine pour «sauver des vies», comme on dit. Ça implique que j’ai sciemment signé, en mon âme et conscience, une sorte de contrat mettant, si ce n’est ma jeunesse, ma vie au service des patients. C’était mon choix, mon but, ma conviction.

On commence donc les études de médecine avec enthousiasme. Allez, passons sur la première année connue de tous, où on est livrés à nous-mêmes, face à ce grand concours qui n’a d’autre but que d’écumer. On ingurgite des informations avec un intérêt plus ou moins douteux, mais pas le temps de s’interroger sur le sens profond de l’apprentissage de la physique quantique pour finir médecin. Accessoirement, maintenant si tu veux être médecin, il va aussi falloir de la chance et être tiré au sort. T’as la poisse ? Tant pis pour toi. Ou tant mieux ? Ça t’évitera cette première année absurde, et les cinq qui suivent qui ne le sont pas moins. On est content, on passe la première année, youpi, à nous la médecine et l’externat.

Au service de tout l’hôpital

L’externat, pour résumer, c’est trois à quatre ans à passer ses matinées au service de tout l’hôpital. Les chefs, les internes, les patients, les paramédicaux, au service de tout le monde. On est cette sorte de forme de vie qui tient les murs quand les professeurs ne daignent pas nous apprendre notre métier. Cette petite main qui tient les écarteurs pendant plusieurs heures sans bouger au risque de se faire insulter. Cette néosecrétaire qui trie la paperasse et faxe les examens. Cette voix qui passe du temps avec cette mamie qui va mourir et n’a personne pour lui tenir la main. Cette néocuisinière qui (...)

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