Lutte gréco-romaine: deuxième à Zagreb, Gagik Snjoyan se montre avant l’Euro et les TQO

Quand il débarque sur le tapis de Zagreb, Gagik Snjoyan a le sourire. Quand certains prennent des mines de tueur à gages, le garçon au catogan semble heureux de partir à la bagarre pour six minutes. Confirmation dans la nuit, une fois rentrée à l’hôtel, la tête pleine de coups et médaille autour du cou. "Je n’ai pas du tout stressé. Je suis monté sur le tapis comme si j’étais chez moi. J’aime ce tapis et ce tapis doit aussi m’aimer je pense."

A Zagreb, une grande partie des non-qualifiés directement pour les Jeux clympiques via les Mondiaux sont venus gratter des points pour se ménager des places de tête de série lors des TQO du printemps. Du beau linge. Le matin, Snjoyan, 22 ans, a brisé le Serbe Sebastian Nad, champion du monde 2022, 7-0, puis l’Indien Neeraj Neeraj, 10-0, et en quart le Lituanien Kristupas Sleiva, médaillé européen et mondial, 5-1.

Des Mondiaux 2022 prometteurs

Avant de dégager le Russe Visaitov (4-3). "J’ai l’habitude, je regarde mes tirages avant. C’était un gros tirage mais j’aime faire ça. Je pense que ça devait se passer comme ça. Battre le Serbe, battre le Lituanien, ça ne donne que de l’espoir, on voit que on est pas loin, ça montre que c’est possible." Snjoyan est arrivé à France depuis Erevan en 2014. Il a découvert la lutte via son père et s’est nourri quotidiennement de vidéo de combats. Il débarque à Sainte-Geneviève des Bois (Essonne) mais il n’y a pas de lutte gréco-romaine, puis évolue sous les ordres Karen Galustyan chez les diables Rouges de Bagnolet (Seine-Saint-Denis).

Snjoyan brille chez les cadets avec des médailles européenne et mondiale puis en espoir avec une deuxième place aux Mondiaux 2022 en Espagne. Ce qui frappe chez l’interne de l’Insep, c’est une certaine originalité. Dans la lutte gréco-romaine souvent linéaire, il tente beaucoup comme sa ceinture en pont vers l’avant sur la tête en finale contre l’Ukrainien Parviz Nasibov, médaillé olympique. Une drôle de rencontre où le Français a mené 3-0 avant d’être renversé (4-3). Saoulé par l’agressivité de son adversaire.

La tête comme un compteur. "Je suis ressorti avec la tête gonflée. Je ne voyais pas à 10m. Il m’a mis énormément de coups de tête. A la fin je lui ai dit ‘félicitations mais on ne fait pas de boxe ou de MMA’. Je ne remets pas ma défaite sur ça mais ça m’a sorti du match. Sur les dernières minutes je passais mon temps à éviter les coups de tête plutôt qu’à essayer de gagner mon match." Anecdotique.

L'Euro en vue

"Fier, heureux mais pas surpris", Snjoyan a remporté la seule médaille française du week-end dans la capitale croate. Surtout, il se démarque dans cette catégorie des moins de 67 kilos très chargée en France. Avec Mamadassa Sylla et Yanis Guendez, ils sont sortis d’un tournoi interne à l’Insep pour pouvoir s’aligner à Zagreb. L’entonnoir va se réduire et cette performance de Snjoyan pourrait lui donner la priorité en vue de l’Euro (12 au 18 février à Bucarest) puis, plus important, du premier tournoi de qualification olympique à Bakou (4 au 7 avril).

Sylla est 10e mondial et Snjoyan maintenant 12e. La confirmation que les gréco ont entamé une ascension. Le groupe mené par Christophe Guénot, Yvon Riemer et Mélonin Noumonvi se trouve de plus en plus d’atouts. A l’automne dernier, Ibrahim Ghanem (72kg) est devenu champion du monde, Stefan Clément (63kg) est cinquième au ranking de cette catégorie non-olympique. Snjoyan vient compléter ce brelan. "On s’entraîne très dur avec l’équipe, on a des programmes très chargés. On voit la différence à l’œil nu. On ne fait que progresser. Je n’ai même pas envie de dire que je suis surpris. Le meilleur reste à venir, on va le faire", promet le lutteur de Saint-Yrieix la Perche (Haute-Vienne). Pour l’instant, il n’y a aucun qualifié en gréco pour les JO. A Bakou, s’il est sélectionné par la fédération française, Snjoyan retrouvera ses victimes du jour. Comme à Zagreb, il faudra atteindre la finale pour obtenir le billet olympique. Avec le sourire et le couteau entre les dents.

Article original publié sur RMC Sport