Lutte contre l'homophobie: l'AS Monaco s'est excusée auprès de la LFP dans l'affaire Mohamed Camara

"C'est fatigant…" Les associations qui luttent pour un sport plus inclusif, plus respectueux des différences, y compris d’orientation sexuelle, ont exprimé cette semaine un sentiment de lassitude. La raison de ce découragement? Comme ce fut le cas l’an passé, des joueurs professionnels de Ligue 1 ont décidé d’exprimer au grand jour une homophobie larvée dans le milieu du football, qui s’est encore manifestée à l’occasion d’un week-end que la LFP consacrait à la lutte contre l’homophobie.

La Ligue avait pourtant emprunté la voie du compromis avec l’abandon du flocage arc-en-ciel, insupportable pour une poignée de joueurs. Le symbole exécré par une poignée de joueurs a été remplacé par un badge contre l’homophobie floqué sur la poitrine, en guise de rappel que des êtres humains sont discriminés voire persécutés à travers le monde. Ce qui leur vaut une telle haine? Le seul désir qu’ils ressentent pour des personnes du même sexe. La LFP s’est encore tenue à leurs côtés cette année, au moins symboliquement. Et Mohamed Camara? Le joueur de l'AS Monaco a créé la polémique avec une attaque contre cette opération de sensibilisation en collant des straps sur les logos de la LFP et de lutte contre l’homophobie.

"Ce n'est pas une bonne façon de finir la saison. On est déçus, déclare quelque peu gêné aux entournures Thiago Scuro, le DG de l’AS Monaco, lors d'une conférence de presse en forme de bilan de la saison. On supporte la cause et l'action de la Ligue. On a appelé (le DG de la Ligue Arnaud Rouger) pour s'excuser. Maintenant c'est un sujet interne. On doit discuter avec le joueur pour trouver le meilleur moyen pour affronter ça." Des sanctions sont-elles à l’étude comme le réclamait la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra en début de semaine? "C'est un sujet interne. On doit être très prudent dans la façon d'affronter cela pour le joueur et pour le club. C'est la façon dont on doit affronter cela en respectant les opinions de l'extérieur (la demande de sanction de la part de la ministre des Sports)", avance prudemment Thiago Scuro.

Le club asémiste aurait pu s’éviter pareille publicité, nocive pour son image, s’il avait veillé à ce que le joueur ne parade pas ainsi vêtu. "Les joueurs ont accès à leur équipement, il y a un rituel", se défend l’ASM à travers son directeur général Thiago Scuro. "Chacun a sa routine. C'est passé au travers." "On doit s'améliorer", reconnaît-il.

Comment le joueur justifie son attitude, a-t-il été également demandé à Scuro? "Par ses croyances dans la religion, c'est un sujet sensible", a répondu ce dernier.

L’international malien Mohamed Camara est un joueur de confession musulmane. Le milieu de terrain a d’ailleurs posté une photo de lui à La Mecque ce mardi. Sa publication sur Instagram a déclenché une vague de messages soutenant sa démarche, en provenance de footballeurs. Mais également de compatriotes maliens l’assurant du soutien de tout un pays. Tout comme Idrissa Gueye avait été soutenu au Sénégal en 2022 alors qu'il était au coeur d'une polémique semblable à celle déclenchée par le comportement de Mohamed Camara. On comprend mieux le découragement des associations.

Article original publié sur RMC Sport