L'université d'Harvard retire la peau humaine présente sur la reliure d'un des livres de sa bibliothèque
La bibliothèque d'Harvard a annoncé mercredi avoir enlevé la peau humaine qui se trouvait sur la reliure d'un livre de sa collection. Des éléments indiquent qu'un des ex-propriétaires de l'ouvrage a prélevé cette peau sur le cadavre d'une femme alors qu'il était étudiant en médecine.
Le livre se trouve dans les collections de l'université depuis 1934. La bibliothèque de l'université américaine Harvard, dans le Massachusetts, a annoncé ce mercredi 27 mars avoir "retiré la peau humaine de la reliure d'un exemplaire du livre d'Arsène Houssaye, Des destinées de l'âme (1880), conservé à la bibliothèque Houghton".
L'université avait fait confirmer en 2014, grâce à un test scientifique, que de la peau humaine était présente sur la reliure de l'ouvrage. L'auteur du livre, le français Arsène Houssaye, avait donné cet exemplaire l'un de ses amis, le médecin Ludovic Bouland, au début des années 1880, selon le communiqué de la bibliothèque d'Harvard. L'ouvrage avait ensuite été envoyé à Harvard par un diplomate américain, John B. Stetson.
De la peau prélevée sur le cadavre d'une femme
Ludovic Bouland avait glissé une note écrite à la main dans cet exemplaire affirmant qu'"un livre sur l'âme humaine méritait d'être recouvert d'une couverture humaine". "La note décrit également le processus utilisé pour traiter la peau afin qu'elle puisse être utilisée pour relier le texte", précise la bibliothèque.
Harvard n'a pas pu déterminer à qui appartenait la peau utilisée, mais "des éléments" indiquent qu'elle a été prélevée sur le cadavre d'une femme par Ludovic Bouland lorsqu'il était étudiant en médecine.
Un accès restreint en 2015
La bibliothèque a restreint l'accès à ce livre en 2015 et instauré un moratoire pour toute nouvelle demande liée à des recherches en février 2023. Elle a également créé un comité dédié à l'analyse du livre et de son histoire, ayant confirmé "la certitude raisonnable que Bouland a prélevé et utilisé la peau sans le consentement" de la femme concernée, explique-t-elle sur son site.
"Sur la base de cet examen, la bibliothèque de Harvard et le comité de restitution des collections du musée de Harvard ont conclu qu'en raison de la nature éthiquement délicate des origines et de l'histoire du livre, les restes humains utilisés dans la reliure du livre de Houssaye n'ont plus leur place dans les collections de la bibliothèque de Harvard", ajoute une responsable de la bibliothèque.
La bibliothèque "reconnaît des manquements"
Dans son communiqué, la bibliothèque "reconnaît des manquements passés dans sa gestion du livre, qui ont davantage objectivé et compromis la dignité de l'être humain dont les restes ont été utilisés pour sa reliure" et présente ses excuses "aux personnes lésées par ces actions".
Le livre va rester dans la collection de la bibliothèque Houghton et pourra de nouveau être consulté par des chercheurs, mais sans sa couverture. La peau désormais enlevée va rester à Harvard le temps que sa provenance soit éclaircie.