L'Ukraine suspend le paiement de ses importations de gaz russe

La compagnie publique ukrainienne Naftogaz a annoncé qu'elle suspendait le paiement de ses importations de gaz russe tant que les discussions tarifaires en cours ne seraient pas terminées. /Photo prise le 9 avril 2014/REUTERS

par Pavel Polityuk KIEV (Reuters) - La compagnie publique ukrainienne Naftogaz a annoncé samedi qu'elle suspendait le paiement de ses importations de gaz russe tant que les discussions tarifaires en cours ne seraient pas terminées. Le groupe russe Gazprom a imposé une augmentation de 80% des tarifs qu'il applique à ses exportations de gaz vers l'Ukraine, les faisant passer en deux temps de 268 dollars à 485 dollars les 1.000 mètres cubes au début du mois. L'Ukraine, justifie le groupe public russe, ne peut plus profiter des accords tarifaires négociés mi-décembre avec l'ex-président Viktor Ianoukovitch. "Nous ne voyons pas de raison de réviser les prix. Nous considérons que des tarifs autour de 500 dollars sont sans rapport avec le marché, injustifiés et inacceptables. En conséquence de quoi nous avons suspendu les paiements le temps des négociations tarifaires", explique le directeur général de Naftogaz, Andriy Kobolev, dans une interview publiée par l'hebdomadaire Zerkalo Nedely. Selon la Russie, Kiev doit déjà 2,2 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros) d'arriérés de paiements. "La question du remboursement de la dette est directement liée au maintien des prix du gaz à leur niveau du premier trimestre", ajoute Andriy Kobolev. GUERRE DU GAZ ? Ces tarifs préférentiels avaient été octroyés le 17 décembre par la Russie à l'Ukraine de Ianoukovitch pour soutenir ce dernier dans son choix de refuser de signer un accord d'association avec l'Union européenne. Mais Ianoukovitch a été depuis emporté par les contestataires de Maïdan. L'Ukraine importe de Russie la moitié environ de ses besoins en gaz. Une grande partie du gaz russe exporté vers l'Europe transite en outre par son territoire. L'accumulation de la dette ukrainienne vis-à-vis de Gazprom suscite les craintes d'une réduction des livraison de gaz, et un nouvel épisode de la "guerre du gaz" déjà livrée en 2006 puis en 2009 qui avait eu pour effet indirect de réduire les flux vers les marchés européens. Vladimir Poutine a renforcé ces craintes en avertissant jeudi les dirigeants européens que l'approvisionnement de l'Europe pourrait être perturbé si Kiev ne payait pas ses factures de gaz. Il a insisté vendredi en jugeant "absolument intolérable" que Kiev ne règle pas ses factures, mais, faisant machine arrière, le président russe a assuré dans le même temps que les Russes garantissaient toutes leurs obligations à l'endroit de leurs clients européens. "Je veux le redire: nous n'avons pas l'intention et nous ne nous préparons pas à fermer le robinet de gaz", a-t-il dit lors d'une réunion de son conseil de sécurité retransmise à la télévision. (Henri-Pierre André pour le service français)