L'UE reste prudente après l'accord conclu à Minsk sur l'Ukraine

Soldats ukrainiens près de Debaltseve. Les dirigeants de l'Union européenne ont exprimé jeudi un soulagement teinté de prudence après le compromis conclu à Minsk pour tenter de mettre fin au conflit dans l'est de l'Ukraine. /Photo prise le 12 février 2015/REUTERS/Gleb Garanich

BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants de l'Union européenne ont exprimé jeudi un soulagement teinté de prudence après le compromis conclu à Minsk pour tenter de mettre fin au conflit dans l'est de l'Ukraine et n'ont pas exclu la possibilité de nouvelles sanctions en cas de non-respect de cet accord. A l'initiative de cette négociation avec la chancelière allemande Angela Merkel, François Hollande a prévenu ses pairs réunis en Conseil européen à Bruxelles que rien n'était joué. "L'accord conclu à Minsk pour résoudre le conflit dans l'est de l'Ukraine ne garantit pas qu'une paix durable sera instaurée", a-t-il dit à son arrivée à Bruxelles. "Nous sommes dans un moment qui est crucial, un accord a été obtenu, c'est plus qu'une lueur d'espoir et en même temps un moment où tout peut encore se décider dans un sens ou dans un autre et les prochaines heures seront déterminantes." Angela Merkel, qui a négocié toute la nuit aux côtés du président français avec ses homologues russe et ukrainien, s'est montrée tout aussi prudente à Bruxelles. "C'est une lueur d'espoir, pas moins, pas plus", a dit la chancelière, ajoutant qu'il "était très important que les paroles soient suivies par les actes". L'accord "global", obtenu au terme d'une longue nuit et d'une matinée de discussions entre les dirigeants ukrainien, russe, français et allemand, comprend notamment un cessez-le-feu appelé à entrer en vigueur le 15 février. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, s'est voulu pragmatique. "L'espoir, c'est bien, mais l'espoir n'est pas assez, le vrai test est le respect du cessez-le-feu sur le terrain", a-t-il dit, rappelant que le premier cessez-le-feu, conclu le 5 septembre, n'avait pas été respecté. Le Premier ministre britannique a salué les efforts des diplomaties française et allemande, tout en émettant des doutes. "JUSTE DES MOTS SUR UN MORCEAU DE PAPIER" "Si c'est un véritable cessez-le-feu, alors bien sûr c'est bienvenu, mais ce qui compte par dessus tout, ce sont les opérations sur le terrain plutôt que juste des mots sur un morceau de papier", a estimé David Cameron. "Vladimir Poutine doit savoir que s'il ne change pas son comportement, les sanctions que nous avons mises en oeuvre ne changeront pas", a dit le chef du gouvernement britannique alors que d'autres leaders ont brandi la menace de nouvelles procédures. Le président du Conseil, Donald Tusk, a déclaré lors de la conférence de presse de clôture du sommet que les chefs d'Etat et de gouvernement à Bruxelles étaient prêts à franchir le pas. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont tous deux confirmé l'existence de cette option. "Si l'accord n'était pas respecté (...), on rentrerait dans un processus que vous connaissez bien (...) de sanctions qui s'ajouteraient à celles qui ont déjà été prononcées", a dit à la presse le président français qui a évoqué aussi des mesures de suivi de l'accord. (Julien Ponthus, Francesco Guarascio, Ingrid Melander édité par Yves Clarisse)