L'UE pourrait examiner les subventions étrangères destinées à soutenir son secteur de l'énergie éolienne
Les propositions annoncées par la Commission européenne, visent à protéger le secteur éolien de l'Union européenne de la concurrence internationale déloyale. Mais il s’agit aussi de relever les obstacles propres à l’UE tels que les processus d'autorisation, la pénurie de main-d'œuvre et l'accès limité aux matières premières.
En l'espace de deux ans, le continent a "perdu son leadership" au profit de la région Asie-Pacifique en tant que plus grand marché mondial de l'énergie éolienne, explique Kadri Simson, commissaire européenne en charge de l'Energie.
L'énergie éolienne est une ressource essentielle pour l'UE, mais le secteur craint que les importations chinoises d'équipements éoliens à bas prix n'affaiblissent considérablement les fabricants européens.
Didier Reynders et Thierry Breton, commissaires européens chargés respectivement de la Concurrence et du Marché intérieur, ont récemment suggéré que l'Union européenne enquête sur les subventions accordées par Pékin aux fabricants chinois de turbines, comme elle le fait pour les véhicules électriques.
"Comme nous venons de l'annoncer pour les véhicules électriques, je pense qu'il est temps d'enquêter pour savoir si ces conditions avantageuses sont dues à des conditions de financement attractives soutenues par l'Etat pour les fabricants chinois, qui ne seraient pas possibles dans l'UE", a écrit Thierry Breton en septembre.
Toutefois, un haut fonctionnaire de l'UE a déclaré que toute enquête nécessiterait des preuves que l'existence de subventions chinoises se traduit par un "préjudice économique" pour la production européenne.
"Nous sommes en contact avec l'industrie et nous sommes prêts à évaluer toutes les preuves qu'elle apporterait", a déclaré le fonctionnaire.
L'UE a adopté des instruments antidumping et antisubventions en réponse à une concurrence mondiale de plus en plus agressive. Lorsqu'elle reçoit des preuves d'un préjudice causé à l'industrie européenne, la Commission peut ouvrir une enquête et éventuellement adopter des mesures pour protéger l'industrie européenne, y compris par des sanctions commerciales.
L'association professionnelle WindEurope salue le plan d'action et estime qu'il change "la donne pour la sécurité énergétique de l'Europe".
"C'est bon pour l'emploi et la croissance - et pour la sécurité énergétique de l'Europe. Comme l'a dit Ursula von der Leyen dans son récent discours sur l'état de l'Union, l'avenir des technologies propres en Europe doit se faire en Europe", estime Giles Dickson, directeur général de WindEurope.
S'attaquer aux risques de cybersécurité des parcs éoliens
Le plan annoncé mardi vise également à réduire les menaces pour la sécurité posées par la croissance des parcs éoliens en Europe en veillant à ce que les enchères - qui permettent aux pays de se procurer de l'énergie propre à des prix compétitifs - soient repensées afin d'évaluer les risques en matière de cybersécurité.
Kadri Simson estime que l'Union européenne devait innover pour garantir que "ces éoliennes ne collectent pas de données d'une manière qui pourrait nuire à notre infrastructure énergétique".
"Nous proposons que les États membres utilisent des critères de pré-qualification tels que l'élan, la durabilité et les exigences en matière de cybersécurité pour sélectionner les entrepreneurs qualifiés qui participeront aux enchères", souligne la commissaire européenne. "Si nous dépensons des milliards pour développer de nouveaux projets, nous devrions atténuer les risques pour la mise en œuvre, pour des conditions de concurrence équitables et pour la sécurité".
"Nous ne fermerons pas nos marchés, mais nous nous occuperons de nos problèmes de sécurité", ajoute-t-elle.
Pour atteindre son objectif ambitieux de faire en sorte qu'au moins 42,5 % de son bouquet énergétique provienne des énergies renouvelables d'ici à 2030, l'UE s'attend à ce que la capacité éolienne passe de 204 GW en 2022 à plus de 500 GW en 2030.
L'Union souhaite soutenir son industrie en accélérant les procédures d'autorisation, en renforçant sa main-d'œuvre qualifiée et en garantissant un meilleur accès au financement.
En réponse au plan d'action, le WWF a demandé à la Commission de faire davantage pour s'assurer que les travailleurs du secteur des combustibles fossiles puissent être requalifiés afin de ne pas être laissés pour compte dans la transition énergétique.
"Les États membres doivent chercher à maximiser leur potentiel éolien pour contribuer à une transition juste et équitable. Par exemple, en concentrant les investissements dans les régions défavorisées, en aidant les travailleurs des combustibles fossiles et d'autres industries en déclin, et en garantissant des bénéfices économiques pour les communautés locales", explique Arnaud Van Dooren, responsable de la politique climatique et énergétique au WWF Europe.
La Commission espère qu'en soutenant l'industrie éolienne européenne, elle pourra couvrir sa propre demande tout en augmentant sa part sur le marché mondial.