L'UE ferme les yeux sur les violations des droits en Turquie

La Néerlandaise Kati Piri, rapporteur du Parlement européen sur la Turquie, a déclaré que les inquiétudes liées à la crise migratoire conduisent l'Union européenne à fermer les yeux sur les violations des droits de l'homme en Turquie, l'UE ayant besoin de ce pays pour faire face à l'afflux de migrants. /Photo d'archives/REUTERS/François Lenoir

ISTANBUL (Reuters) - Les inquiétudes liées à la crise migratoire conduisent l'Union européenne à fermer les yeux sur les violations des droits de l'homme en Turquie, l'UE ayant besoin de ce pays pour faire face à l'afflux de migrants, a déclaré mardi la Néerlandaise Kati Piri, rapporteur du Parlement européen sur la Turquie. Plus de deux millions et demi de réfugiés fuyant la guerre en Syrie se trouvent actuellement en Turquie et l'UE a promis une aide de trois milliards d'euros au gouvernement d'Ankara pour l'aider à dissuader ces foules de chercher à gagner l'Europe. En juillet dernier, le cessez-le-feu entre l'armée turque et les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a volé en éclats et les affrontements ont fait depuis lors au moins 160 morts dans la population civile et poussé 400.000 personnes sur les routes de l'exode dans le sud-est du pays. Parallèlement, des journalistes et des universitaires qui critiquaient le gouvernement ont été arrêtés. "Le processus d'adhésion (de la Turquie à l'UE) doit être lié aux réformes démocratiques, à l'état de droit et à la question kurde", a déclaré Kati Piri à Reuters. "L'Union européenne donne un mauvais signal en liant ce processus aussi directement à l'immigration", a-t-elle ajouté. "Si l'UE ne demande pas un cessez-le-feu immédiat et la reprise du processus de paix (avec les Kurdes), nous pourrions faire face à un nouvel afflux de réfugiés, qui cette fois seront originaires de Turquie." (Ayla Jean Yackley avec Francesco Guarascio à Bruxelles; Guy Kerivel pour le service français)