La vie de l'ex-otage Isabelle Prime était menacée, dit Fabius

PARIS (Reuters) - La vie du dernier otage français à l'étranger, Isabelle Prime, libérée dans la nuit de jeudi à vendredi après cinq mois et demi de captivité au Yémen, était menacée, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. La jeune femme, qui a été amenée à Oman après sa libération, est attendue vendredi vers 19h00 (17h00 GMT) sur la base aérienne de Villacoublay, près de Paris, et sera accueillie par le président François Hollande et le chef de la diplomatie. "Nous avons des éléments (...) qui montrent que la mort n'est pas passée loin", a dit Laurent Fabius à iTELE. "Si nous n'étions pas arrivés à la sortir, elle serait morte." Il a cependant assuré que la France n'avait pas versé d'argent en échange de la libération de cette consultante de 31 ans, enlevée le 24 février avec son interprète par des hommes armés dans la capitale yéménite, Sanaa. "En ce qui concerne l'Etat français, le principe est que nous ne payons pas de rançon. Pour le reste, évidemment ce sont des négociations très compliquées (...) sur lesquelles notre règle d'or (...) est de rester extrêmement discret", a dit le chef de la diplomatie française à BFMTV. Les autorités françaises ont salué le rôle du sultanat d'Oman, dont François Hollande et Laurent Fabius ont remercié les dirigeants, en particulier le sultan Qabous Ibn Saïd. "Les Omanais nous ont énormément aidés", a expliqué le chef de la diplomatie. "C'est grâce à une coopération de tous les services qu'on est arrivé à sortir d'affaire Isabelle." Le sultanat d'Oman, situé stratégiquement à l'entrée du golfe arabo-persique, a souvent joué un rôle de médiateur dans des affaires d'otages et dans la diplomatie de la région. "Les Omanais connaissent bien le Yémen et la région", souligne-t-on de source diplomatique française. Selon l'agence de presse omanaise ONA, qui cite un responsable du ministère des Affaires étrangères, les services du sultanat ont contribué à la localiser et à la ramener à Oman. La jeune femme est arrivée à Mascate, capitale du sultanat, vers 5h00 du matin heure locale, a précisé Laurent Fabius, qui a pu lui parler au téléphone. VIDEO "Elle est en très bonne forme (...) C'est une femme très compétente, très équilibrée, tout à fait remarquable", a-t-il dit à BFM TV. "Le sentiment que j'ai eu (...) c'est que c'est une jeune femme qui est forte et qui est solide." Dans un communiqué annonçant sa libération, diffusé peu avant 0h30 vendredi heure de Paris (22h30 GMT jeudi), la présidence française a précisé qu'elle était "sous la protection des services français". Dès qu'il a eu la certitude de ce dénouement, François Hollande avait appelé jeudi soir la famille de l'ex-otage, de l'avion qui le ramenait de l'inauguration d'un nouveau tronçon du canal de Suez, a déclaré l'entourage du chef de l'Etat. Employée par la société de conseil américaine Ayala Consulting et en mission d'assistance technique, Isabelle Prime avait été enlevée alors qu'elle se rendait à son travail. Sa libération avait été annoncée une première fois en mars par une source tribale yéménite mais seule l'interprète, Cherine Makaoui, avait finalement été relâchée. Elle était apparue vêtue de noir, à genoux, visage fatigué dans une courte vidéo mise en ligne le 4 mai, envoyée au quotidien Ouest-France et authentifiée par la France. Elle y demandait en anglais à François Hollande et au président yéménite Abd-Rabbou Mansour Hadi, aujourd'hui en exil en Arabie saoudite, de la faire libérer "rapidement". Elle disait également avoir tenté "plusieurs fois" de se suicider. Le Yémen est en pleine crise depuis la prise de Sanaa par les miliciens houthis, des chiites originaires du nord du pays, en septembre. Une coalition de pays arabes sunnites emmenés par l'Arabie saoudite y a lancé une campagne de frappes aériennes le 26 mars pour aider les forces loyalistes à reprendre le pouvoir. Les milices fidèles au président et des unités militaires formées et équipées par les pays arabes du Golfe ont enregistré des victoires notables ces dernières semaines face aux Houthis. Le Yémen abrite aussi une branche très active d'Al Qaïda, Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), qui a revendiqué l'attentat contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo le 7 janvier à Paris et à qui les tribus revendraient souvent leurs otages. (Danielle Rouquié, Elizabeth Pineau et Emmanuel Jarry, avec Sami Aboudi à Oman)