“Los mil días de Allende”, la série chilienne qui raconte les réformes inachevées de Salvador Allende

“Quelqu’un doit raconter notre histoire, Manuel”, lance le président chilien Salvador Allende (Alfredo Castro) à Manuel Ruiz (Pablo Capuz). La Moneda, le palais qu’il occupe depuis novembre 1970, est sous les bombes, alors que, ce 11 septembre 1973, Augusto Pinochet a entrepris de prendre le pouvoir par la force. Ce coup d’État va sonner le glas d’une expérience politique inédite, celle de mettre en place un État socialiste de façon démocratique.

La série Los mil días de Allende (“Les Mille Jours d’Allende”), coproduction de deux chaînes, chilienne et espagnole, est diffusée depuis ce 24 mars sur OCS. Au Chili, elle est sortie en septembre dernier, lors des commémorations des 50 ans du coup d’État. “La majeure partie de l’histoire repose sur des faits réels, à quelques exceptions près”, signale Culto, la rubrique culturelle de La Tercera, un des principaux quotidiens du pays.

En particulier, Manuel Ruiz, étudiant espagnol en sciences politiques qui accompagne Allende depuis la campagne électorale de 1970, est un personnage fictif. Il est néanmoins inspiré de Juan Garcés, signale le site chilien Cine y literatura, le politiste et avocat espagnol qui a effectivement été un proche conseiller du président de gauche. Manuel sert surtout de narrateur, rendant accessible le récit d’une période de bouleversements complexes, même à un public hors du Chili.

Et le spectateur a de quoi être tenu en haleine, poursuit le média culturel. “En effet, au-delà de toute considération sur son mandat tronqué à la tête de l’État, le président Salvador Allende est l’un des personnages les plus fascinants de l’histoire du Chili, […] pour la façon courageuse et romantique avec laquelle il a affronté la fin de sa carrière publique, et une mort aussi violente qu’inéluctable.” Après des décennies de doute, la justice a confirmé en 2012 la thèse affirmant que l’homme politique s’était suicidé plutôt que de plier devant Pinochet.

Une œuvre ambitieuse et didactique

L’ambitieuse série est dotée de solides moyens de production, relève le quotidien Clarín depuis l’Argentine voisine. Et ne se contente pas de mettre en scène la vie personnelle du président : “Elle cherche à montrer toutes les parts d’ombre et de lumière [de l’homme], de son arrivée au pouvoir jusqu’à ses dernières minutes d’angoisse face au bombardement de la Moneda.” Et Los mil días de Allende excelle également, dans son premier épisode, à planter le décor politique : même après avoir remporté les élections de septembre 1970, la large coalition de gauche Unité populaire se voit mettre des bâtons dans les roues pour accéder au gouvernement. Les élus conservateurs (surnommés les “momies” par le camp d’Allende) y voient une menace existentielle pour le pays, en pleine guerre froide et à l’heure où Fidel Castro règne sur Cuba. Les élus démocrates-chrétiens (les “béats”), alors au pouvoir, sont plus divisés sur le sujet.

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