"L'ordre au-dessus du chaos" : les allusions de Macron lors de son discours sur Toussaint Louverture
En déplacement dans le Doubs pour célébrer l'abolition de l'esclavage en France, Emmanuel Macron a rendu hommage à Toussaint Louverture, non sans glisser quelques allusions à ses opposants.
Mobiliser la mémoire d'un homme politique franco-haïtien, figure de proue du mouvement d'émancipation des colonies par rapport à leur métropole, pour évoquer l'actuelle mobilisation contre la réforme des retraites semble constituer un pari de prime abord quelque peu osé.
Mais cela n'a apparemment pas effrayé Emmanuel Macron ce jeudi 27 février, en déplacement à La-Cluse-et-Mijoux (Doubs), pour célébrer les 175 ans du décret de Victor Schoelcher abolissant l'esclavage en France, ainsi que le 220e anniversaire de la disparition de Toussaint Louverture.
"Révolutionnaire d'exception, Toussaint Louverture considérait lui aussi que seul l'ordre pouvait maintenir la liberté, la prospérité et le bien public", a déclaré depuis le château de Joux Emmanuel Macron, dont le mandat a été marqué ces derniers mois par une forte mobilisation dans la rue et au Parlement contre sa réforme des retraites.
L'ordre qui "garantit la liberté"
Cette notion d'"ordre qui garantit la liberté", le chef de l'État a tenu à la filer tout au long de son discours, prononcé dans les murs du fort où est mort en 1803 Toussaint Louverture.
Né esclave en 1743 dans une plantation de l'île de Saint-Domingue, ce dernier, une fois affranchi, s'est progressivement élevé dans la société, possédant lui-même des esclaves.
En 1791, il se rallie à Révolution haïtienne qui secoue son île natale, avant de rejoindre la France post-révolutionnaire qui vient d'abroger l'esclavage une première fois en 1794.
"Toussaint Louverture avait compris que la seule insoumission était vaine", a estimé Emmanuel Macron.
"Voilà pourquoi, contre les autres chefs de la révolte des esclaves, il prit le parti de la révolution, oui, la révolution plutôt que l'insurrection, la liberté plutôt que la destruction, l'ordre au-dessus du chaos", a poursuivi le chef de l'État, à quelques jours d'un 1er-Mai que le renseignement a estimé possiblement "vengeur".
"Ce mot, faisons le nôtre"
En 1801, Toussaint Louverture est nommé général de Saint-Domingue. Sur place, il affirme l'autonomie de la colonie est en prend la tête, tout en mettant sur pied une constitution autocratique, puisqu'il se nomme gouverneur à vie.
Napoléon Bonaparte juge que les velléités de Toussaint Louverture sont dangereuses, et envoie des troupes le combattre. L'homme politique franco-haïtien capitule en 1802, année durant laquelle Bonaparte rétablit l'esclavage en France, puis est envoyé au fort de Joux.
Ce jeudi, Emmanuel Macron a donc logiquement tenu à s'attarder sur "l'ordre" qu'a brièvement instauré sur son île Toussaint Louverture, "dans les écoles", "grâce à l'hygiène qu'il promouvait" ou encore via "l'enseignement aux arts qu'il favorisait". Puis d'indiquer: "c'est l'ordre qui garantit la liberté, l'ordre marié à la liberté effective qui seul le rend légitime, celui même de la République".
"Cela signifiait prendre le temps de l'éducation et du dialogue, de la concorde et du respect mais viser haut. Ce mot, faisons le nôtre", a conclu Emmanuel Macron, en un message à peine voilé.
Article original publié sur BFMTV.com
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