L'opposition syrienne prête à négocier directement avec Damas

par Tom Perry et Crispian Balmer BEYROUTH/ROME (Reuters) - Le Haut Comité des négociations (HCN) formé par l'opposition syrienne veut entamer des pourparlers directs avec Damas sur le processus de transition politique dans le cadre des négociations de Genève qui doivent reprendre la semaine prochaine, a annoncé mercredi son porte-parole. "Nous voulons des discussions directes. Nous voulons gagner du temps. Nous voulons mettre fin rapidement aux souffrances du peuple syrien", a déclaré Salim al Mouslit. Il a toutefois souligné que le président Bachar al Assad ne pouvait jouer aucun rôle dans ce processus de transition, sans quoi, dit-il, "le lourd tribut payé par le peuple syrien" l'aurait été en vain. Salim al Mouslit a précisé que le HCN souhaitait entamer les discussions par la question du choix d'une autorité gouvernementale chargée de veiller à la transition, une demande que Bachar al Assad a refusée par le passé. Le HCN, a poursuivi le porte-parole, n'a toujours pas reçu le calendrier des discussions qui doivent s'ouvrir le 23 février et seront précédées de consultations censées débuter le 20. Les divergences sur les questions de calendrier avaient abouti à l'échec des précédentes tentatives de règlement politique du conflit. L'émissaire de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'exprimant à Rome, a indiqué qu'il mettrait en oeuvre les dispositions contenues dans la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu. Ces dispositions sont de trois natures: l'établissement d'une nouvelle forme de gouvernance, la rédaction d'une nouvelle Constitution et des élections anticipées sous le contrôle des Nations unies, a rappelé le diplomate. "L'agenda est celui-là et nous ne le changerons pas, sinon cela reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore", a dit De Mistura, dont la tentative d'imposer un cadre similaire l'an passé s'était heurtée au refus du gouvernement syrien. "ENTRER DANS LE VIF DU PROCESSUS POLITIQUE" Les autorités de Damas doivent comprendre que les négociations de Genève ne porteront pas sur "des questions de procédure mais sur l'avenir de la Syrie", a-t-il ajouté. En dépit du cessez-le-feu conclu sous l'égide de la Turquie et de la Russie, les rebelles affirment que le régime d'Assad "poursuit ses crimes" et prépare, selon eux, une offensive de grande ampleur dans la région de la Ghouta à l'est de Damas. "Nous voulons maintenant entrer dans le vif du processus politique - la discussion sur la transition politique - et aborder la formation d'une instance de transition dotée de tous les pouvoirs stipulés dans la déclaration de Genève I", a-t-il ajouté. La déclaration en question, adoptée en juin 2012, recommande la mise sur pied par consentement mutuel d'un gouvernement d'union nationale disposant des pleins pouvoirs exécutifs. Le processus de négociation est compliqué par la tenue, sous l'égide la Russie, de pourparlers concurrents à Astana, la capitale du Kazakhstan, dont la tenue prévue mercredi a été reportée d'une journée. Certains groupes rebelles ont menacé de boycotter cette réunion en accusant Moscou d'être incapable d'obliger le régime syrien à respecter l'arrêt des combats. Le HCN, qui représente des groupes armés et des composantes de l'opposition politique, a formé une délégation de 22 représentants pour les négociations de Genève, en incluant des représentants de groupes dissidents opposés à la rébellion armée contre Assad. "Nous allons essayer de convaincre l'opposition d'être aussi unie que possible", a commenté De Mistura. "Nous verrons ce que cela donne dans les prochains jours mais nous ne voulons pas offrir au gouvernement l'alibi de dire 'on ne connaît pas cette opposition'." (Tom Perry, Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Angrand)