L'Onu préoccupée par l'expulsion d'Arabes sunnites de Kirkouk

Lise Grande, coordinatrice des Nations unies pour les affaires humanitaires en Irak, a affirmé que l'Onu s'attendait à un exode massif hors de Mossoul, alors que l'armée irakienne s'apprête à pénétrer à l'intérieur même de cette grande ville où sont pris au piège 1,5 million de civils. /Photo prise le 13 octobre 2016/REUTERS/Azad Lashkari

ERBIL, Irak (Reuters) - Les Nations unies se sont déclarées mardi préoccupées par l'expulsion par les autorités kurdes de 250 familles arabes sunnites de Kirkouk, après l'incursion de djihadistes de l'Etat islamique vendredi dans cette ville du nord de l'Irak. Lise Grande, coordinatrice des Nations unies pour les affaires humanitaires en Irak, a réaffirmé que l'Onu s'attendait à un exode massif hors de Mossoul - peut-être dans les jours qui viennent -, alors que l'armée irakienne s'apprête à pénétrer à l'intérieur même de cette grande ville où sont pris au piège 1,5 million de civils. Dans le pire des scénarios, ajoute Lise Grande, il est possible que l'EI, qui contrôle Mossoul depuis juin 2014, recoure à des "armes chimiques artisanales" pour repousser l'assaut. A Kirkouk, dit-elle, les Nations unies ont appris que deux jours après l'incursion des djihadistes, les autorités du Kurdistan autonome avaient annoncé qu'elles expulseraient des Arabes sunnites - lesquels ont déjà été déplacés par le conflit avec l'EI. "Quelques heures après cette annonce, nous savons que 250 familles civiles ont compris qu'elles n'avaient pas d'autre choix que de partir", a déclaré Lise Grande dans une interview accordée dans un hôtel d'Erbil, à 75 km à l'est de Mossoul. Les autorités de Kirkouk soupçonnent l'EI d'avoir été aidé, lors de son attaque contre Kirkouk vendredi, par des "cellules dormantes" constituées d'Arabes sunnites. Les Nations unies n'ont aucune preuve que les familles visées par les expulsions ont aidé l'EI, et il semble que les accusations soient un prétexte pour les faire partir. "Les Nations unies sont vivement préoccupées par toute mesure qui pourrait être interprétée comme une sanction collective", a-t-elle dit à cet égard. (Samia Nakhoul et Michael Georgy; Eric Faye pour le service français)