L'Onu juge désespérée la situation à Yarmouk, en Syrie

Distribution d'aide alimentaire à Yarmouk. L'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens estime que la situation à l'intérieur du camp, à quelques kilomètres du centre de Damas, est désespérée et que si aucune aide humanitaire ne peut y être acheminée, il pourrait être le théâtre d'un "massacre des innocents". /Photo d'archives/REUTERS/UNRWA

LONDRES (Reuters) - La situation à l'intérieur du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à quelques kilomètres du centre de Damas, est "désespérée" et si aucune aide humanitaire ne peut y être acheminée, il pourrait être le théâtre d'un "massacre des innocents", a déclaré mercredi à Reuters le porte-parole de l'UNRWA, l'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens. Le camp de Yarmouk, dévasté par des mois de siège, de combats et de bombardements, est depuis la semaine dernière une zone de confrontation entre les combattants de l'Etat islamique (EI) et des groupes palestiniens et syriens hostiles au président Bachar al Assad. La situation a été exposée en début de semaine au Conseil de sécurité de l'Onu par le directeur de l'UNRWA, Pierre Krahenbuhl. "Ce que veulent les civils de Yarmouk, c'est tout simplement survivre. C'est aussi simple que cela", a-t-il dit, appelant le Conseil de sécurité à réfléchir aux modalités d'une éventuelle évacuation des 18.000 civils, palestiniens et syriens, dont 3.500 enfants, pris au piège. (voir) "Le degré d'inhumanité atteint à Yarmouk est franchement inimaginable", a déclaré le porte-parole de l'UNRWA, Chris Gunness, joint mercredi par Reuters. "La situation est absolument désespérée. Nous avons besoin d'un accès humanitaire de toute urgence, c'est pourquoi l'UNRWA appelle toutes les parties ayant une influence sur la situation à intervenir pour que nous puissions obtenir un accès", a-t-il ajouté. Depuis le début des combats entre l'EI et d'autres groupes armés, aucun convoi de l'agence onusienne n'a pu entrer dans le camp, où la situation était déjà des plus difficiles avec les destructions subies depuis le début de la guerre en Syrie. "Nous avons vu des photos tragiques d'enfants buvant de l'eau stagnant dans les rues", a poursuivi Gunness, qui dit craindre la propagation de maladies. "Pour moi, il est inconcevable que le prétendu monde civilisé regarde sans bouger ce qui se passe à Yarmouk", a-t-il poursuivi. "Nous sommes face à un potentiel massacre des innocents." Selon Amnesty International, les tirs et les bombardements aériens ont tué au moins 18 civils dans le camp depuis l'attaque de l'EI il y a une semaine. Parmi ces morts figurent une fillette de 12 ans et un travailleur humanitaire, ajoute le groupe de défense des droits de l'homme. "Après avoir subi pendant deux ans un siège éprouvant imposé par les forces gouvernementales, ils (les réfugiés) sont maintenant sous le feu de tireurs isolés, alors que les pilonnages d'artillerie et les bombardements aériens ne font que s'intensifier", a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe d'Amnesty International pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. (Magdalena Mis avec Michelle Nichols aux Nations unies et Sylvia Westall à Beyrouth; Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)