L'Onu appelle Pyongyang à ouvrir des "canaux de communication"

Les Nations unies ont annoncé samedi que Jeffrey Feltman (photo), secrétaire général adjoint aux affaires politiques, avait mis en garde cette semaine à Pyongyang ses interlocuteurs nord-coréens contre les "erreurs de jugement" dans leur escalade verbale avec les Etats-Unis. /Photo d'archives/REUTERS/Dinuka Liyanawatte

NATIONS UNIES (Reuters) - Les Nations unies ont annoncé samedi que Jeffrey Feltman, secrétaire général adjoint aux affaires politiques, avait mis en garde cette semaine à Pyongyang ses interlocuteurs nord-coréens contre les "erreurs de jugement" dans leur escalade verbale avec les Etats-Unis.

Le diplomate américain, plus haut responsable de l'Onu à se rendre en Corée du Nord depuis 2012, a également prôné "l'ouverture de canaux de communication pour réduire les risques de conflit".

Feltman, qui a quitté la Corée du Nord samedi, s'est notamment entretenu avec le ministre des Affaires étrangères, Ri Yong-ho, et son adjoint, Pak Myong-guk. Selon l'Onu, il a insisté sur la nécessité de mettre pleinement en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu, qui réclament l'arrêt des programmes nucléaire et balistique.

"Il a également dit qu'il ne pouvait qu'y avoir une solution diplomatique à la situation, par le biais d'un dialogue sincère", ajoute le communiqué de l'Onu, qui note que "le temps presse".

Feltman et ses interlocuteurs, dit encore l'Onu, "sont convenus que la situation actuelle (dans la péninsule coréenne) était le dossier le plus tendu et le plus dangereux pour la paix et la sécurité du monde d'aujourd'hui".

La déplacement du diplomate onusien en République populaire démocratique de Corée intervenait alors que les tensions entre Pyongyang et Washington se sont exacerbées depuis l'été dernier, quand Donald Trump a menacé la Corée du Nord d'une réaction "de feu et de fureur" à la suite de deux essais de missile balistique effectués en juillet.

Pyongyang a procédé depuis à un nouvel essai nucléaire, le sixième de son histoire, et testé le 29 novembre un missile balistique d'une portée théorique de 13.000 km, susceptible d'atteindre tout le territoire continental des Etats-Unis, y compris Washington et New York.

Dans un communiqué diffusé samedi matin par l'agence officielle de presse nord-coréenne KCNA, les autorités nord-coréennes indiquent que le secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'Onu a fait part de sa volonté d'alléger les tensions régionales et qu'il a admis les conséquences négatives des sanctions sur l'aide humanitaire.

La Corée du Nord est depuis 2006 sous le coup de sanctions de l'Onu en raison de ses programmes balistique et nucléaire.

"AUCUN ÊTRE HUMAIN NE DEVRAIT ENDURER

CE QUE NOUS AVONS ENDURÉ"

Samedi matin, Feltman n'a fait aucun commentaire à la presse à son arrivée à l'aéroport de Pékin en provenance de Pyongyang, où il a séjourné quatre jours.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a noté pour sa part que la question coréenne était entrée dans un "cercle vicieux" de démonstration de force et de confrontation et que les perspectives n'étaient pas bonnes.

"Mais dans le même temps, on peut voir que les espoirs de paix ne sont pas totalement éteints. Les perspectives de négociations sont toujours là, elles existent toujours, et l'option d'un recours à la force ne peut pas être acceptée", a-t-il dit.

La Chine est le principal partenaire de la Corée du Nord sur la scène internationale.

A Oslo, où elle recevra dimanche son prix Nobel de la paix, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) a exhorté les Etats-Unis et la Corée du Nord à une désescalade rhétorique et à l'ouverture de négociation pour éviter une confrontation atomique.

"Aucun être humain ne devrait endurer ce que nous avons enduré", a déclaré samedi à la presse Setsuko Thurlow, survivante du bombardement d'Hiroshima en 1945 et membre de l'ICAN.

"Une solution diplomatique est la seule solution", a ajouté la militante aujourd'hui âgée de 85 ans, qui accompagne la directrice de l'ICAN, Beatrice Fihn, à Oslo.

Cette dernière a appelé Washington et Pyongyang à "cesser de menacer de recourir à des armes de destruction massive et à s'engager dans une solution diplomatique".

(Michelle Nichols avec Jane Chung à Séoul, Ben Blanchard à Pékin et Gwladys Fouché à Oslo; Henri-Pierre André pour le service français)