Londres va fouiller le passé d’Aurigny, l’île anglo-normande aux deux camps nazis

“Quatre-vingts ans après l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire du Royaume-Uni, le gouvernement britannique a décidé de procéder à une enquête sur le nombre de prisonniers assassinés par les nazis à Aurigny”, rapporte The Observer.

Cette île anglo-normande, appelée Alderney en anglais et située à seulement 15 km des côtes françaises, a abrité “les seuls camps de concentration britanniques nazis établis sur le sol britannique”, précise le média.

Les SS avaient établi deux camps à Aurigny pendant la Seconde guerre mondiale. Le nombre de victimes de ces camps fait débat depuis longtemps, explique The Observer.

“Mettre les faits sur la table”

Le lancement de l’enquête sera annoncé officiellement cet été par le représentant britannique pour l’Holocauste, Lord Pickles, et le gouvernement britannique espère qu’elle “mettra enfin un terme à la controverse sur l’ampleur de l’Holocauste sur l’île d’Aurigny”, ajoute le quotidien du dimanche, qui cite des propos de Lord Pickles :

“La différence entre les estimations est si importante que j’ai pensé qu’il était raisonnable que tout le monde mette les faits sur la table, que tout soit transparent et que les délibérations se déroulent au grand jour.”

Comme le rappelle The Observer, les îles anglo-normandes sont les seules îles britanniques à avoir été occupée par l’armée allemande pendant la Seconde guerre mondiale : à l’été 1940, le gouvernement de Winston Churchill avait décidé qu’il n’était pas possible de les défendre. La population britannique d’Aurigny avait ainsi été évacuée, et le commandement nazi avait “transformé l’île en prison géante dédiée au travail forcé”.

Les Russes et Ukrainiens, déportés des régions occupée de l’URSS, y ont constitué la majeure partie des prisonniers, qui étaient chargés de construire les systèmes défensifs du Mur de l’Atlantique voulu par Hitler. Mais il est établi que “de nombreux Juifs, Nord-africains et républicains espagnols avaient aussi été conduits à Aurigny”, ajoute le journal.

Nombre de ces prisonniers ont été tués dans le cadre d’une politique d’“extermination par le travail”, d’autres étant torturés, fusillés ou envoyés dans les camps d’extermination d’Europe continentale. “Il est établi qu’au moins un convoi avait transporté des centaines de Juifs français à Aurigny depuis le camp de transit de Drancy, en région parisienne”, précise The Observer.

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