Londres dément les rumeurs de législatives anticipées, Corbyn prêt à soutenir un second référendum

LONDRES (Reuters) - Alors que la pression s'accentue sur Theresa May après le refus ferme opposé par les Européens à son "plan de Chequers", le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a annoncé ce dimanche qu'il soutiendrait un second référendum sur le Brexit si son parti, le Labour, réuni en congrès à Liverpool, se prononce en faveur de cette option.

Après avoir longtemps défendu la frange de son électorat qui avait soutenu le "Leave" lors du référendum de juin 2016, Corbyn semble prendre acte du changement profond du paysage politique survenu au cours de l'été et accentué par le rejet des propositions de Theresa May par les 27 autres Etats membres de l'UE jeudi lors du sommet informel de Salzbourg.

Comme l'a reconnu la Première ministre britannique, les négociations entre Londres et ses partenaires sont "dans l'impasse" alors que le Brexit doit entrer en vigueur le 29 mars 2019, qu'il y ait ou non un accord.

La situation s'est tellement tendue que le Sunday Times rapporte ce week-end que le cabinet de Theresa May travaille à des élections législatives anticipées pour tenter de sauver un éventuel accord et sa place de chef du gouvernement.

"Seuls les esprits crédules peuvent y croire, cela ne se produira pas", a démenti dimanche matin sur la BBC le ministre du Brexit, Dominic Raab.

D'autres journaux évoquent de possibles démissions au sein du gouvernement britannique.

Theresa May s'est dit pour sa part prête à affronter les semaines difficiles qui s'annoncent: "C'est le moment de faire ce qui est bon pour la Grande-Bretagne, le moment de garder la tête froide et de garder notre sang-froid", déclare la Première ministre dans les colonnes du Sunday Express.

De retour du sommet de Salzbourg, May avait réclamé du "respect" de la part de ses partenaires européens et les avait mis en demeure d'avancer leurs contre-propositions.

DAVID DAVIS: "MANQUER DE RESPECT À NOTRE PREMIÈRE MINISTRE,

C'EST MANQUER DE RESPECT À NOTRE PAYS."

Sa déclaration, retransmise en direct de Downing Street, a été saluée par l'un de ses plus vifs opposants au sein même du Parti conservateur, David Davis.

L'ancien ministre du Brexit, qui a claqué la porte du gouvernement début juillet pour protester contre le plan de Chequers - celui-là même que les Européens ont rejeté -, a critiqué le comportement des dirigeants européens à l'égard de Theresa May.

"J'ai une sérieuse différence d'opinion avec notre Première ministre. Mais pourtant, je dois vous dire que le comportement des dirigeants de l'Union européenne à Salzbourg m'a inspiré de la colère ", a-t-il dit lors d'un discours à Bolton, dans le nord de l'Angleterre.

"Manquer de respect à notre Première ministre, c'est manquer de respect à notre pays", a-t-il dit.

A la suite de la déclaration de May, Donald Tusk, le président du Conseil européen, a expliqué que la réponse des Européens aux propositions de Londres avait été transmise depuis de nombreuses semaines aux Britanniques et que la délégation britannique était donc parfaitement au courant.

Pourtant, a-t-il ajouté, "la position britannique présentée juste avant et pendant la réunion de Salzbourg a été étonnamment dure et, dans les faits, intransigeante". "Tout en comprenant la logique des négociations, poursuit-il, je reste convaincu qu'un compromis, bon pour tous, est toujours possible."

CORBYN PRÉFÈRE DES LÉGISLATIVES ANTICIPÉES MAIS SE RÉSOUDRA

À UN SECOND RÉFÉRENDUM SI SON PARTI LE RÉCLAME

A Liverpool, où s'est ouvert dimanche le congrès annuel du Parti travailliste, Jeremy Corbyn a déclaré que sa préférence allait clairement à des législatives anticipées, dont il espère tirer un plus grand bénéfice politique.

Mais il a ajouté qu'il tiendrait compte des débats qui auront lieu d'ici la fin du congrès, mercredi.

"Notre préférence va vers des élections législatives, après lesquelles nous pourrons négocier notre relation future avec l'Europe, mais voyons ce qui va sortir de ce congrès", a-t-il dit à la BBC télévision en marge du congrès.

Les délégués travaillistes doivent débattre de plusieurs motions sur le Brexit et aucune précision n'a été fournie sur celle concernant le soutien à une nouvelle consultation référendaire.

(Kylie MacLellan, Elizabeth Piper et Alistair Smout; Henri-Pierre André pour le service français)