Ce que l'on sait de la mort d'une nonagénaire attaquée par un chien dans le Gard

Une femme de 93 ans a été tuée par un chien dans un cimetière à Canaules-et-Argentières, dans le Gard, mardi 28 mai. Quatre personnes ont été mises en examen a appris BFMTV.

• Un dogue argentin a sauté à la gorge d'une nonagénaire

Annette Guibal, ancienne maire de Canaules-et-Argentières - à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Nîmes - s'est rendue mardi en fin d'après-midi au cimetière à la sortie du village pour fleurir la tombe d'un proche.

Dans ce cimetière, entre vignes et champs de tournesols, se trouvait également une jeune fille de 18 ans, stagiaire dans un élevage de chiens situé à quelques centaines de mètres. Elle promenait alors trois chiens: un molosse de type dogue argentin, un berger australien et un Staffordshire bull terrier (staffie).

C'est le dogue argentin, un chien très puissant, qui a sauté à la gorge de la vieille dame dans des circonstances qui restent à éclaircir.

Celle-ci a alors chuté et s'est vidée de son sang à terre, tandis que le chien refusait de la lâcher, décrit une source judiciaire à BFMTV faisant état "d'une agression d'une extrême brutalité". Sa carotide étant sectionnée, Annette Guibal n'a pas survécu à ses blessures.

• Les faits ont tenté d'être maquillés

La jeune fille, incapable de maîtriser le chien qui lui aurait échappé, a immédiatement prévenu les secours, puis la gérante de l'élevage, une mère de famille de 42 ans.

Cette gérante a alors intimé à sa stagiaire d'affirmer aux gendarmes que la nonagénaire avait été attaquée par un chien errant. Elle a ensuite envoyé sur place ses deux fils de 19 ans pour faire disparaître le chien et toute trace pouvant mener à lui.

Dans un premier temps, la jeune fille a donc expliqué ce mensonge aux gendarmes avant de rapidement admettre qu'il s'agissait d'un chien de l'élevage.

Lors de ses auditions, la stagiaire a expliqué avoir été mise "sous pression" pour déclarer qu'il s'agissait d'un chien errant et "avoué qu'il s'agissait d'un stratagème mis en place par la gérante pour évacuer son éventuelle responsabilité dans ces faits", a précisé mercredi soir le procureur d'Alès Abdelkrim Grini à l'AFP.

• Quatre personnes devant la justice

La jeune femme et la gérante ont été placées en garde à vue dès mardi, et ce, jusqu'à mercredi. Les deux fils de la gérante ont également été placés en garde à vue mercredi. Ils sont soupçonnés de "modification d'une scène de crime ou de délit" pour avoir évacué du village le chien ayant mordu la victime, a expliqué le procureur.

Ces quatre personnes ont ensuite été déférées. Conformément aux réquisitions du parquet d'Alès, la gérante de l'élevage canin a été mise en examen pour homicide involontaire et modification d'une scène de délit et a été placée en détention provisoire.

La stagiaire, qui avait le chien sous sa responsabilité au moment des faits, a été mise en examen pour homicide involontaire, mais laissée libre sans mesure de sûreté particulière.

Les deux fils de la gérante, âgés de 19 ans, ont quant à eux été mis en examen pour modification d'une scène de délit, et laissés libres sous contrôle judiciaire.

Le parquet d'Alès a requis l'ouverture d'une information judiciaire, avec la mise en examen des deux femmes pour homicide involontaire résultant de l'agression par un chien, un délit puni jusqu'à 5 ans de prison.

La gérante, "défavorablement connue de la justice", devrait être jugée en septembre par le tribunal correctionnel d'Alès dans une affaire de violences.

Le chien a quant à lui été retrouvé et placé dans un centre pour une analyse comportementale. L'enquête devra notamment déterminer si le chien était tenu en laisse ou non, si la jeune fille avait le droit de le promener là, et pourquoi il a attaqué la vieille dame.

Article original publié sur BFMTV.com