Ce que l'on sait de la mort d'un enfant de 10 ans à Nîmes
"Un immense drame qui ne restera pas impuni". Les mots du ministre de l'Intérieur sont fermes ce mardi matin quelques heures après la mort d'un garçon de 10 ans à Nîmes dans une fusillade en lien avec le trafic de drogue.
Lundi soir, la voiture de son oncle dans lequel il se trouvait a été visée par des tirs. Cette famille, des victimes collatérales de ces réglements de compte, "a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment", a affirmé la procureure de la République de Nîmes.
Selon nos informations, la CRS 8 va être déployée dès mardi dans ce quartier de la ville du Gard frappée par plusieurs faits violents ces derniers jours et gangrené par le trafic de drogue.
· Que s'est-il passé?
Lundi soir vers 23h15, un homme de 28 ans rentrait du restaurant avec ses deux neveux. Selon son récit, il a garé son véhicule en bas de son immeuble, galerie Richard Wagner, connu pour être un point de deal. C'est là qu'il est pris au milieu des tirs.
Paniqué et atteint par plusieurs impacts, l'homme a redémarré et a foncé à l'hôpital. Il s'est rendu compte que l'un de ses neveux, âgé de 10 ans, était sérieusement blessé. Il est mort quelques minutes après sa prise en charge.
Alertés par un appel des riverains pour signaler des coups de feu dans ce quartier Pissevin, les policiers ont découvert sur place une cinquantaine de douilles de différents calibres.
· Qui sont les victimes?
Deux enfants de 10 et 7 ans se trouvaient à l'arrière du véhicule quand celui-ci a été visé par des tirs. Le premier a été atteint d'une balle au niveau du dos et est décédé rapidement. Le second garçonnet est indemne.
Le conducteur du véhicule, l'oncle des deux enfants, est un homme de 28 ans, a été blessé dans la fusillade, atteint par trois balles. Ses jours ne sont pas en danger. L'homme est un militaire qui rentrait de mission. Il est inconnu des services de police et "absolument pas" de la justice, a indiqué la procureure de la République de Nîmes.
"Indéniablement, la famille de la victime n'est absolument associée d'aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale", elle "a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment", a affirmé la magistrate.
"Les caractéristiques des victimes laissent entendre que l'on est plutôt sur des victimes collatérales", a précisé ce mardi matin sur BFMTV Jérôme Bonet, le préfet du Gard.· Combien de personnes recherchées?
Selon l'enquête de voisinage menée dès lundi soir, il y avait au moins quatre tireurs. Après la fusillade, ils sont repartis à bord d'un véhicule Renault Megane. Cette voiture, signalée comme volée, a été découverte rue Neper, dans le quartier voisin du Valdegour. Ils sont, à cette heure, toujours en fuite.
Le préfet du Gard a mis à la disposition de la procureure de la République de Nîmes les effectifs de la police nationale et notamment ceux de la police judiciaire, pour retrouver ces suspects. Dans un message publié sur X (ex-Twitter), Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a prévenu que ce drame ne restera pas "impuni".
· Que se passe-t-il dans ce quartier de Nîmes?
Lundi quelques heures avant la fusillade mortelle, un adolescent de 15 ans a aussi été blessé par balle, alors qu'il discutait plus tôt dans un parc quartier Valdegour avec d'autres jeunes vers 1h40. Ils ont été visés par deux individus à scooter, accompagnés de quatre hommes armés à bord d'une Renault Clip. Le véhicule a été découvert incendié à quelques rues.
Alertée par des détonations, la police s'est rendue sur place. Dans un appartement, elle a découvert deux adolescents dont l'un faisait un point de compression à l'autre, blessé par balles au dos et à l'avant-bras.
"Quelques échanges de coups de feu ont eu lieu, notamment ces trois dernières soirées, confirme le préfet du Gard. Peut-être que ce troisième événement est une suite dans ces oppositions."
Ce mardi, le maire de Nîmes a rappelé dans un communiqué que "depuis de nombreux mois maintenant, le trafic de stupéfiants gangrène la situation des quartiers Pissevin-Valdegour". "Aujourd'hui, un nouveau cap intolérable a été franchi dans cette escalade de la violence et des règlements de comptes entre trafiquants", déplore Jean-Paul Fournier.
Plus d'une centaine d'opérations et une cinquantaine d'interpellations ont été réalisées depuis le début de l'année dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Gérald Darmanin a prévenu que la police allait "intensifier sa présence avec fermeté". Selon nos informations, la CRS 8 va être déployée sur place dès ce mardi "afin de sécuriser le quartier", a précisé Jérôme Bonet.