Ce que l'on sait sur les liens entre microbiote et santé mentale

Pierre-Marie Lledo, directeur de recherche au CNRS et chef du département des neurosciences à l’Institut Pasteur.  - Credit:Lucille PELLERIN/REA
Pierre-Marie Lledo, directeur de recherche au CNRS et chef du département des neurosciences à l’Institut Pasteur. - Credit:Lucille PELLERIN/REA

Qu'il est loin le temps où notre cerveau était considéré comme le chef d'orchestre incontesté de notre organisme. Dans l'élaboration de nos pensées et la régulation de nos fonctions cérébrales, les colonies de micro-organismes de nos intestins ont leur mot à dire. Au point qu'on doit leur céder une partie de notre libre arbitre, selon Pierre-Marie Lledo, directeur de recherche au CNRS et chef du département des neurosciences à l'Institut Pasteur, qui nous qualifie d'« hommes microbiens ».

Le Point : Dans vos travaux, vous envisagez le cerveau sous un angle global.

Pierre-Marie Lledo : Oui, nous ne nous bornons plus à regarder sous la boîte crânienne pour mieux le comprendre. Nous nous inscrivons, au contraire, dans la mouvance qui consiste à l'étudier en observant ses relations avec le reste du corps. Notamment avec le microbiote intestinal sur lequel nous travaillons depuis cinq ans. Les bactéries qui colonisent notre tube digestif « parlent » constamment au cerveau, de diverses choses, en empruntant différentes voies de communication.

Comment le ventre et le cerveau dialoguent-ils ?

D'abord par voie sanguine. L'intestin est l'organe le plus richement vascularisé de notre organisme, et c'est bien logique : des aliments qui y transitent sont extraits les nutriments destinés à être absorbés dans le sang. Mais des morceaux de parois des bactéries intestinales – qui se « détachent » lorsqu'elles se divisent – sont aussi capables de franchir la barrière de la mu [...] Lire la suite