Lola Quivoron, réalisatrice du controversé "Rodeo": "C'est une fiction, pas un documentaire"

la réalisatrice Lola Quivoron sur le plateau de BFMTV, le 5 septembre 2022 - BFMTV
la réalisatrice Lola Quivoron sur le plateau de BFMTV, le 5 septembre 2022 - BFMTV

Trois mois après le festival de Cannes, le souvenir de la polémique qui entoure le film Rodeo reste vivace. Alors que ce long-métrage sur le milieu de cross-bitume s'apprête à investir les salles ce mercredi, sa réalisatrice Lola Quivoron est revenue sur la controverse sur le plateau de BFMTV.

Rodeo suit le parcours de la jeune Julia (Julie Ledru), qui s'improvise trafiquante de motos pour intégrer la communauté de ces acrobates de la route. Alors que les faits divers dramatiques liés aux rodéos urbains alimentent régulièrement l'actualité, la cinéaste avait choqué la Croisette avec une petite phrase livrée dans une interview à Konbini: "Les accidents sont souvent causés par les flics qui prennent en chasse et qui poussent les riders vers la mort", avait-elle affirmé. Des propos qu'elle nuance aujourd'hui:

"C'est une question complexe. La phrase a été mise en exergue, caricaturée, il y a eu beaucoup de malentendus autour de cette phrase-là. Ce n'est pas parce que je précise cette réalité que j'oublie toutes celles qui existent, tous les autres accidents qui existent, les piétons fauchés notamment (...) Je pense qu'il y a des solutions qu'il faut trouver pour pallier ces drames."

Sans pour autant désavouer ses propos du printemps dernier: "C'est une realité dont j'ai entendu beaucoup parler, c'est une realité factuelle. L'actualité nous rappelle qu'il y a d'autres accidents qui se produisent... je n'ai pas à justifier plus là-dessus."

"Il n'y a pas de rodéo urbain dans mon film"

Lola Quivoron rappelle que son film est "une fiction, pas un documentaire, pas un reportage", et regrette également que les "réseaux sociaux enflent énormément les choses", et estime que les adeptes de cette pratique doivent avoir voix au chapitre: "Il faut les faire entrer dans le débat, leur demander ce dont ils ont besoin pour éviter d'aller dans les rues, de se mettre en danger et de mettre en danger la vie des autres." Elle ajoute:

Il n'y a pas de rodéo urbain dans mon film", qui porte uniquement sur le cross-bitume, "dans le sens où on ne circule pas en moto ou en quad dans la ville: ils se retrouvent sur des lignes bitumées loin des villes, sur des routes sans circulation, perdues au milieu de la campagne."

"J'ai une pensée pour les victimes"

Elle invite le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à aller voir son film: "J'aimerais qu'il voie le film. J'ai pu rencontrer de manière très furtive la Première ministre Elisabeth Borne, et j'ai eu l'occasion de lui dire de venir découvrir le film."

"C'est une pratique ilégale, il faut le dire", conclut-elle. "C'est une pratique dangereuse, qui nécessite énormément d'entraînement. Il y a beaucoup d'informations qui circulent, justement, sur les dangers au sein de ces communautés-là (...) Je tiens à condamner ce qui s'est passé, et à avoir une pensée pour les victimes". Début août, un rodéo urbain a gravement blessé deux enfants à Cergy-Pontoise.

Article original publié sur BFMTV.com