Loin de Portishead, Beth Gibbons sort un album “entre le grandiose et l’intime”

“Un petit cadeau inattendu que nous attendions depuis longtemps”, résume Grayson Haver Currin sur le site de la radio publique américaine NPR dans une critique dithyrambique. Promis depuis plus de dix ans, Lives Outgrown, inespéré premier album en solitaire de Beth Gibbons, est enfin sorti ce 17 mai. La chanteuse de Portishead, qu’on entendait de temps à autre en featuring (avec Kendrick Lamar) ou en duo (avec Jane Birkin) ces dernières années, ou chantant la Symphonie n° 3 de Gorecki, a cassé le baromètre des sites de presse et leur manie de donner des notes : c’est du cinq-étoiles partout chez les plus sérieux des critiques musicaux anglo-saxons – seul le site américain Pitchfork fait le malin en le notant 8/10.

“On ne pourra jamais accuser Beth Gibbons de se surmener dans la quête rapace de la gloire : ses débuts en solo arrivent vingt-deux ans après sa collaboration avec Rustin Man, Out of Season, seize ans après le dernier album de Portishead, Third”, résume Alexis Petridis dans The Guardian. Qui évoque “un son unique dont on soupçonne qu’il n’a été obtenu qu’après de longues expérimentations”, épaté par “un monde sonore qui est entièrement propre” à Beth Gibbons.

Des arrangements majestueux

Loin, très loin du son de Portishead, Lives Outgrown creuse son sillon dans un folk orchestral majestueux et expérimental en dix titres ramassés (quarante-cinq minutes), enregistré avec une petite équipe : l’extraordinaire batteur de Talk Talk Lee Harris, qui s’autorise toutes les excentricités (et s’interdit la caisse claire pour ne pas sonner comme le groupe pionnier du trip hop), et le producteur James Ford (des flamboyants Simian Mobile Disco).

Décidément, le producteur du moment (on lui doit récemment les albums d’Arctic Monkeys, Blur, Depeche Mode ou des Pet Shop Boys), Ford, joue les hommes à tout faire, crédité parfois de plus d’une douzaine d’instruments sur des morceaux où l’on entend guitare acoustique, différentes flûtes, clarinette, claviers divers et variés, un Farfisa et toute la palette des cordes.

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