"Loi trans" en Espagne : des soldats changent d’état civil pour bénéficier d’avantages réservés aux femmes

En Espagne, plusieurs dizaines de militaires ont déclaré leur changement de genre. Certains ont témoigné dans les médias, se vantant de bénéficier désormais d'un meilleur salaire et d'une chambre individuelle.

Avec sa barbe et sa moustache fournies, le caporal Roberto Perdigones s'affiche fièrement devant sa moto, sur une photo publiée par le journal El Español. Il n'a pas changé de nom ou d'apparence physique, mais il s'est enregistré comme femme à l'état civil espagnol.

"À l'extérieur, je me sens comme un homme hétérosexuel, mais à l'intérieur, je suis une lesbienne. Et c'est ça qui compte. C'est pourquoi j'ai fait le changement légal pour devenir une femme", a déclaré le militaire au journal espagnol, cité par The Telegraph.

Et Roberto Perdigones n'est pas le seul. Comme lui, 37 militaires espagnols ont demandé leur changement de sexe sur le territoire de Ceuta, près du détroit de Gibraltar, selon El Español. Seuls quatre d'entre eux ont changé de nom, rapporte The Telegraph.

Ils peuvent ainsi bénéficier de différents avantages accordés aux militaires de sexe féminin dans l'armée espagnole. Au départ, ces mesures avaient été mises en place afin de renforcer l'attractivité des postes dans les forces de sécurité pour les femmes.

Salaires, chambre privée, coupe de cheveux... le militaire fanfaronne

Depuis février 2023, la "loi d’égalité réelle et effective des personnes trans" consacre le droit à "l’autodétermination de genre". Les Espagnols ont ainsi la possibilité de changer le sexe figurant sur leurs papiers d’identité sans autre démarche qu’une déclaration.

Depuis son changement d'état civil, Roberto Perdigones se targue d'avoir reçu des augmentations de salaire. "Je reçois également 15 % de rémunération en plus parce que je suis mère", a-t-il déclaré.

En plus du salaire, le caporal se vante de bénéficier d'avantages matériels. "J'ai même une chambre privée dans la caserne, rien que pour moi, avec une salle de bain privée. C'est parce que je ne peux pas être avec des hommes car je suis une femme, et je n'ai pas jugé bon d'être avec des femmes biologiques par respect pour elles."

Il raconte également être arrivé à la caserne avec des cheveux plus longs que ceux autorisés pour les hommes, et des boucles d'oreilles, normalement interdites. Provocateur, le soldat a assuré qu'il envisageait de demander la garde partagée de son fils de 16 ans, arguant que son nouveau statut sexuel lui donnerait de meilleures chances face aux juges.

Les associations dénoncent "ceux qui se moquent des personnes transgenres"

Ces comportements ont été vertement critiqués par la fédération LGTBI+ (principale fédération de gays, trans, bisexuels et intersexuels) qui dénonce "une fraude à la loi" et demande une enquête "face au défilé de militaires qui remettent en cause la loi LGTBI et apparaissent dans les médias".

L'association a également exhorté les médias à "ne pas donner de visibilité à ceux qui se moquent des personnes transgenres".

Selon le média El Periódico de España, la législation espagnole prévoit des dispositions pour éviter "qu'une loi ne soit déformée pour obtenir un bénéfice auquel, en réalité, on n'a pas droit",

"Il est possible de prouver cette fraude et il existe des outils juridiques pour le faire", affirme même Isaac Guijarro, fondateur d'un cabinet d'avocats spécialisé dans les questions de changement de sexe, dans le média El Salto.

Article original publié sur BFMTV.com

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