Loi sur la restauration de la nature : Christophe Béchu et les ministres de l’Environnement écrivent à leurs homologues européens pour sauver le texte

Christophe Bechu, le ministre français de la Transition écologique, a co-signé une lettre appelant à donner le feu vert pour la loi européenne sur la restauration des écosystèmes.
Antoine Gyori - Corbis / Corbis via Getty Images Christophe Bechu, le ministre français de la Transition écologique, a co-signé une lettre appelant à donner le feu vert pour la loi européenne sur la restauration des écosystèmes.

ENVIRONNEMENT - « Nous devons agir de toute urgence. » Les ministres de l’Environnement de onze pays – dont la France – ont envoyé une lettre à leurs homologues, ce mardi 14 mai, pour tenter de sauver la loi européenne sur la restauration de la nature. Ce texte clé du Pacte vert doit permettre de restaurer les écosystèmes européens, car en Europe, 80 % sont en mauvais état, allant des champs surexploités aux fonds marins abîmés, en passant par les forêts coupées.

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Après de multiples compromis, le texte avait été adopté dans une version édulcorée en novembre dernier par le Parlement européen. Reste désormais à obtenir l’ultime feu vert des Vingt-Sept pour valider son entrée en vigueur. Problème, les ambassadeurs des États membres n’arrivent pas à se mettre d’accord, et la majorité requise (15 pays représentant 65 % de la population de l’UE) n’a toujours pas été atteinte.

Face à un tel blocage, l’Irlande a eu l’idée de rédiger une lettre commune avec dix autres États favorables à l’entrée en vigueur du texte. Ainsi, la France, l’Allemagne, l’Espagne, la République tchèque, le Luxembourg, l’Estonie, la Lituanie, le Danemark, la Slovénie, Chypre et l’Irlande ont signé le courrier, envoyé aux 16 autres États membres.

Un outil pour agir face au changement climatique

La missive vise en particulier la Suède, les Pays-Bas et l’Italie, tous trois opposés au texte. La Belgique, l’Autriche, la Pologne, la Finlande ou la Hongrie, qui s’abstiennent à ce sujet, sont aussi concernés. Le courrier les invite à valider définitivement le texte lors d’une réunion le 17 juin prochain des ministres européens de l’Environnement au Luxembourg.

« Une telle ratification serait à la hauteur de l’engagement que nous avons tous pris d’être un leader mondial en matière de restauration de la nature et d’adhérer à l’ambition définie » par la COP15 Biodiversité de Montréal de 2022, souligne le texte, signé notamment par le ministre français Christophe Béchu.

« L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement au monde (...). La restauration des écosystèmes est essentielle pour atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter, ainsi que pour préserver la sécurité alimentaire », rappelle-t-il également.

Les zones agricoles, point de blocage principal

La loi en question fixe deux objectifs : restaurer au moins 20 % des terres et des mers de l’UE d’ici à 2030, et tous les écosystèmes dégradés d’ici à 2050. Concrètement, cela s’applique aux zones humides, aux forêts, aux prairies, aux rivières, aux espaces marins… ainsi qu’aux zones agricoles.

Ce dernier point a suscité des débats houleux, alimentés par la récente crise agricole. In fine, de nombreux compromis ont été faits à ce sujet. La mention sur les pesticides a par exemple disparu du texte dans sa version finale. En clair, il ne reste plus qu’à surveiller l’indice des papillons de prairies, le stock de carbone organique dans le sol, et la part des terres agricoles présentant des particularités topographiques à « haute diversité ».

Pour autant, ce point reste le principal blocage pour l’adoption du texte. En mars dernier, l’Italie disait ainsi vouloir refuser « de nouvelles charges pour les agriculteurs », tout comme la Finlande entendait préserver sa puissante sylviculture. Des freins politiques existent aussi : l’Autriche et la Belgique étaient contraintes de s’abstenir en raison de divisions au sein de leur État fédéral.

« Sans une loi de restauration de la nature, il nous manquerait un outil crucial pour atteindre nos objectifs climatiques », alertait en mars dernier le commissaire européen à l’Environnement Virginijus Sinkevicius. « Malheureusement, nous sommes dans une situation où nous risquons d’aller les mains vides à la COP16 Biodiversité » en Colombie cette année, avait-il ajouté.

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