Sur la loi immigration, Darmanin ulcère les oppositions de gauche avec cette méthode « assez unique »

Alors que le ministre de l’Intérieur met en avant des profils « d’étrangers délinquants » pour promouvoir son texte, le PS dénonce une « pression inacceptable » quand les Insoumis parlent de « lettre type CNews. »

POLITIQUE - Prise à témoin. Nombre de médias locaux (et certains nationaux) indiquent avoir reçu en fin de semaine un communiqué par mail du ministère de l’Intérieur ou de différentes préfectures, louant la loi immigration qui arrive à l’Assemblée nationale ce lundi 11 décembre dans un climat qui promet d’être houleux.

L’objet : mettre en avant le profil des « 4 000 étrangers délinquants » qui pourraient être renvoyés « dans leur pays d’origine si la loi était adoptée », pour reprendre les termes utilisés dans cette communication. Chaque courrier est ensuite personnalisé avec une poignée d’exemples anonymes en fonction des départements ou régions ciblés.

Le site Épinal info relaie par exemple, pour les Vosges, le cas d’un individu « né en 1976, entré en France avant l’âge de 13 ans », condamné à trois reprises notamment pour « viol en réunion. » Et d’ajouter, en citant le communiqué : « Il n’est aujourd’hui pas expulsable car arrivé en France avant l’âge de 13 ans. Demain, si la loi est votée, il pourra l’être. »

« Une pression inédite et inacceptable », pour le PS

De la même manière, plusieurs autres titres de presse locaux ont fait état de divers exemples. En Normandie, dans le Sud-Ouest, en Haute-Loire, en Côte-d’Or… Une méthode « assez unique », selon les mots de la Place Beauvau à La Voix du Nord, qui permettrait de « montrer à l’opinion ce qu’implique le texte. »

Problème : cette offensive n’est pas du goût de tous. Plusieurs personnalités de gauche s’élèvent pour dénoncer des pratiques « infamantes » et une forme de « pression inédite » mise sur le législateur. D’autant que des courriers similaires ont également été envoyés à plusieurs élus, si l’on en croit les messages de députés ou sénateurs sur les réseaux sociaux.

« C’est une drôle de manière de considérer la séparation des pouvoirs, alors que le texte n’est pas encore adopté définitivement, déplore le sénateur socialiste Patrick Kanner dans les colonnes de La Voix du Nord. Qu’est-ce que ça veut dire pour les élus ? Ils doivent délibérer dans l’intérêt général, et non dans celui du ministre de l’Intérieur. Si je ne vote pas, va-t-on m’accuser ensuite en ressortant les cas cités ? »

Le groupe PS au Sénat (que l’élu du Nord préside) s’est même fendu d’un communiqué vendredi accusant le gouvernement de « souffler sur les braises en transmettant des informations non vérifiables » et de « piétiner la séparation des pouvoirs en mettant une pression inédite et inacceptable sur les parlementaires. »

Une « lettre type CNews », pour LFI

Du côté de l’Assemblée, la députée Raquel Garrido a elle aussi expliqué avoir reçu le communiqué, annonciateur selon elle de discussions « ignobles » à venir au Palais Bourbon. Invitée de franceinfo ce samedi 9 décembre, l’insoumise a fustigé « une stratégie de communication de Gérald Darmanin », qui « ouvre cette séquence de débat sur l’immigration » et donne la teneur des discussions. Pour elle, le ministre de l’Intérieur « va essayer de faire croire qu’il s’occupe de la sécurité des Français à travers cette loi qui n’est pas sur la sécurité. »

Dans un communiqué publié dans le sillage de plusieurs de ses élus outrés par l’opération, le groupe LFI à l’Assemblée cingle, lui, des « tactiques répugnantes » et une « lettre type CNews » qui « exploite les souffrances et les peurs. »

« Ces méthodes sont à l’image du projet de loi : infamantes », écrivent encore les députés mélenchonistes. Autant d’arguments d’un côté comme de l’autre qui devraient trouver un certain écho au Palais Bourbon dès lundi.

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