Loi immigration : après l’arrestation de livreurs en situation irrégulière, la colère d’Éric Piolle et d’élus de gauche

POLITIQUE - Le gouvernement voudrait passer à autre chose, la gauche s’y refuse. La loi immigration est revenue à toute vitesse dans les débats en cette fin décembre, conséquence de l’arrestation d’une dizaine de livreurs de repas en situation irrégulière mercredi 27 en Isère, une information rapportée par Le Dauphiné Libéré. Le maire de Grenoble, Éric Piolle, suivi par d’autres élus de gauche, a dénoncé « une indignité » pendant que la CGT parlait de « rafle ».

L’édile écologiste a directement interpellé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, déplorant que « ces personnes seraient donc suffisamment ’régulières’ pour attendre dans le froid de vous livrer vos repas, mais pas pour vivre dignement avec nous ».

« Voici le vrai visage de ce gouvernement »

Éric Piolle veut ainsi relancer les discussions autour de la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension. Une mesure ardemment défendue par la gauche pendant les débats sur la loi immigration, mais qui a finalement été écartée de la version du texte adoptée par le Parlement.

Dans le sillage du maire, le secrétaire général du PS, Olivier Faure, s’est également exprimé les réseaux sociaux : « Si tous les étrangers en situation régulière ou irrégulière se mettaient en grève une journée, chacun se rendrait compte qu’ils sont dans tous les métiers de la seconde ligne, livreurs, auxiliaires de vie, caristes, assistantes maternelles… loués pendant la crise Covid et puis… ».

Autre élue EELV, la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée Cyrielle Chatelain a elle aussi dénoncé l’opération de police, et entre les lignes la loi immigration adoptée définitivement le 19 décembre dernier. « Voici le vrai visage de ce gouvernement : être méchant avec tous les étrangers, même s’ils travaillent, même s’ils s’intègrent », a-t-elle fustigé, là encore sur X (anciennement Twitter).

Et pour cause : l’opération baptisée « Uber Eats », menée simultanément dans plusieurs localités iséroises (Grenoble, Voiron, Vienne…), a conduit à l’interpellation de nombreux livreurs. Des ressortissants algériens, burkinabés, guinéens ou tunisiens qui ont été placés en garde à vue à Lyon et Grenoble après la saisie de leur vélo, et qui ont été libérés après s’être vu notifier des obligations de quitter le territoire français (OQTF) et des interdictions de retour sur le territoire (IRTF), comme l’a expliqué Mohamed Fofana, responsable CGT des livreurs du département lors d’un point presse organisé ce vendredi.

Piolle invité à « aimer les policiers »

« Nous dénonçons cette opération de police (...) dans une période de fêtes où les associations de défense des migrants et beaucoup d’avocats sont en congé et les recours compliqués », a insisté ce responsable. « Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants », a-t-il ajouté, rappelant que beaucoup de livreurs travaillent dans des conditions précaires et pour des « rémunérations scandaleusement basses ». « La place Victor Hugo (à Grenoble) a été complètement fermée par des camions de police. C’était une nasse. Cela s’appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes », s’est indigné de son côté un responsable de l’Union locale de la CGT, Alain Lavi.

Le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, a répondu à Éric Piolle et aux critiques ayant ciblé l’opération : « Ces contrôles ont été opérés à ma demande. Ils ont aussi permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur licence. Des enquêtes sont engagées », a-t-il indiqué. La préfecture de l’Isère a pour sa part souligné être garante « de l’application des lois de la République ».

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, interrogé à ce propos alors qu’il présentait le dispositif de sécurité pour la Saint-Sylvestre, s’est pour sa part contenté de lancer à Éric Piolle : « J’invite le maire de Grenoble à aimer les policiers et à soutenir la loi de la République ».

Quelques heures plus heures, l’élu EELV a répondu au ministre dans un tweet, en énumérant « les cinq actes » de la « tragédie macroniste : « laisser les plateformes créer des situations d’esclavage, voter la loi immigration avec le RN, imposer la politique du chiffre à la police, arrêter des personnes sans défense, inviter à aimer la police ».

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