Logement insalubre, absence de salaire... Un hébergement de vendangeurs fermé en Champagne

Des toilettes "répugnants", "des literies de fortunes", une "absence de nettoyage et de désinfection" et un "risque électrique"... La préfecture de la Marne a pris un arrêté le 15 septembre pour ordonner la fermeture d'un hébergement de vendangeurs à Nesle-le-Repons, a appris BFMTV, confirmant une information de France Bleu Champagne-Ardenne.

À l'intérieur, étaient logés une cinquantaine de travailleurs sans papiers, pour la plupart d'origine sénégalaise, malienne ou encore mauritanienne, employés sans contrat, a fait savoir la CGT de la Marne à BFMTV.

"Quelques minutes d'eau chaude par jour"

Arrivés le 8 septembre, ces travailleurs dormaient dans "ce qui s'apparente à un hangar", explique Sabine Dumesnil, secrétaire départementale de la CGT Marne, qui a rencontré les vendangeurs.

"Il y avait de la terre battue au sol, de la laine de verre au-dessus d'eux et des fils électriques apparents. Ils dormaient à même le sol, sur des tapis de piscine, sans couverture", ajoute-t-elle. La cinquantaine de travailleurs se partageaient un évier, "avec quelques minutes d'eau chaude par jour".

Des travailleurs relogés

Et les conditions insalubres ne se limitent pas à l'hébergement. Pour se nourrir, "ils n'avaient qu'un sac de riz, livré chaque jour, qu'ils devaient se partager", poursuit Sabine Dumesnil.

"Ils allaient aussi chercher eux-mêmes du maïs dans les champs d'à côté pour manger à leur faim", ajoute-t-elle.

Dans son arrêté, portant fermeture d'hébergement collectif de travailleurs saisonniers, que BFMTV a pu consulter, la préfecture note "la présence d'au moins 60 couchages, de literies de fortunes, d'absence de nettoyage et de désinfection, d'état répugnant des toilettes, des sanitaires et des lieux communs (...) et de l'existence d'un risque électrique par contact direct avec des pièces nues sous tension".

Depuis la fermeture, 52 travailleurs sans papiers ont été relogés, "26 à Châlons-en-Champagne et 26 à Reims", selon les informations du syndicat.

"Ils étaient probablement plus, certains se sont sauvés lors de l'arrivée des inspecteurs du travail", ajoute Sabine Dumesnil.

Une enquête ouverte

Lors de ce contrôle, les inspecteurs ont découvert qu'aucun d'entre eux n'avait de contrat de travail. Le prestataire, qui les a logés, a été identifié comme ANAVIM, une société basée à Paris. Mais l'employeur, "une ou plusieurs maisons de Champagne" selon la CGT, reste pour le moment inconnu.

"Il y a un prestataire, on l'a identifié, mais derrière il y a un donneur d'ordre, c'est une ou plusieurs maisons de champagne, mais qui n'est pas identifié", explique Sabine Dumesnil. Mais elle a sa petite idée. "En général, les petites maisons de champagne recrutent eux-mêmes leurs équipes, qui reviennent tous les ans, et ils n'ont pas recours à des prestataires", estime-t-elle.

"On veut que les travailleurs soient payés et que le ou les donneurs d'ordre soient condamnés", poursuit la secrétaire départementale.

Selon nos confrères de France Bleu, une enquête a été ouverte par le parquet de Châlons-en-Champagne pour traite d'êtres humains.

Article original publié sur BFMTV.com