Les "lofts" dans le viseur de la justice

Une enquête a été ouverte, notamment pour harcèlement et discrimination, après un signalement dénonçant la pratique du "loft" dans les clubs de football, a indiqué mardi le parquet de Paris, sollicité par l'AFP.

Ces investigations, confiées à la Brigade de la répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire, font suite à un signalement du président de l'association "Les ouvriers du vivre ensemble" (LOVE).

Lors de la période estivale des transferts, encadrée par la convention collective des footballeurs professionnels, des clubs peuvent placer les joueurs dont ils veulent se séparer dans une réserve appelée "loft": plus d'entraînement avec le groupe professionnel, plus de déplacements, ni de matchs...

"Il y a des abus pour faire plier le joueur"

Selon l'article 507 de la Charte du football français, qui fait office de convention collective, les clubs ont toutefois des devoirs: permettre aux joueurs écartés d'accéder aux vestiaires, aux infrastructures d'entraînement, aux soins médicaux "éventuellement différents mais de qualité identique"... Ce "loft" doit se terminer le 1er septembre, date de clôture du marché des transferts.

"Lorsque le loft respecte vraiment les contours de l'article 507 et qu'il est mis en place pour des critères sportifs, il n'est pas condamnable. Mais il y a des abus pour faire plier le joueur", a affirmé à l'AFP le président de LOVE, Sullivan Jous, qui multiplie les démarches pour se faire entendre.

Cette mise à l'écart "abusive" pousse les joueurs à prolonger chez eux ou, à l'inverse, à accepter un transfert - une façon pour le club de se séparer d'eux en s'assurant de toucher des indemnités - voire à résilier leur contrat.

En janvier et en avril 2023, Sullivan Jous a détaillé aux enquêteurs de la BRDP le cas de l'ancien attaquant de Reims Anatole Ngamukol, licencié pour faute grave en 2018 après avoir refusé sa mise à l'écart du groupe professionnel et fait l'objet de pressions de sa direction. Le Stade de Reims a été condamné aux prud'hommes en mai 2022 pour licenciement abusif.

Son association a aussi dénoncé aux enquêteurs "l'inaction perpétuelle" de Noël Le Graët: à ses yeux, l'ex-président de la Fédération française de football "n'a pas porté assistance aux joueurs professionnels de football victimes de harcèlement sachant que le harcèlement peut conduire au suicide". L'avocat de Noël Le Graët n'était pas joignable dans l'immédiat. La FFF n'a pas souhaité réagir.

Article original publié sur RMC Sport