Liz Truss ou une laitue? La presse britannique se demande qui tiendra le plus longtemps

Liz Truss ou une laitue? La presse britannique se demande qui tiendra le plus longtemps

Liz Truss n'a été intronisée Première ministre du Royaume-Uni qu'il y a un mois et demi environ, le 6 septembre. Mais au vu des débuts chaotiques de son mandat, ses jours à la tête du gouvernement pourraient bien être comptés. C'est du moins l'avis du tabloïd britannique Daily Star, qui prend les paris à travers une captation en direct, mise en ligne sur YouTube vendredi dernier.

Dans sa vidéo, le journal a disposé en vis-à-vis une salade et une photo de Liz Truss proclamant dans un bandeau: "Liz Truss peut-elle survivre à cette laitue?"

De marasme en crise

La blague court donc à présent depuis quatre jours. Or, d'après le Daily Star dans la description rédigée pour l'occasion, la laitue sera périmée au dixième jour. C'est dire la confiance placée dans la longévité de la Première ministre conservatrice.

Autour de la salade affublée d'une perruque, et de la photo - peu flatteuse à dessein - de la cheffe du gouvernement, d'autres éléments garnissent la table et servent également de compte-à-rebours: une horloge, une tasse de café refroidie depuis longtemps, une motte de beurre, ainsi que de la couenne.

Le tabloïd en a même fait la Une de son édition papier samedi 15 octobre.

Comment expliquer ce pessimisme goguenard quant à la durée du bail de Liz Truss au 10, Downing Street? Depuis qu'elle y a remplacé Boris Johnson il y a moins de six semaines, celle-ci va de marasme en crise.

Après avoir fondé sa campagne interne auprès des Tories sur un tour de vis budgétaire particulièrement libéral, elle a bien vite dû revoir sa copie devant l'affolement de l'opinion comme des marchés. Oubliée la baisse d'impôt pour les plus riches, oubliée sa volonté de revenir sur la hausse des taxes sur les sociétés décidée par le cabinet précédent.

Liz Truss a même dû se séparer vendredi dernier - au moment où le Daily Star commençait la diffusion de la compétition l'opposant à la laitue - de son ministre des Finances et ami, Kwasi Kwarteng, grand artisan du projet de budget initialement porté par la nouvelle équipe.

Fronde au sein de sa famille politique

Des rétropédalages en série, des difficultés économiques dégénérant en crise politique qui nourrissent une fronde au sein même de la droite britannique. Philip Hammond, qui fut le Chancelier de l'Echiquier (soit le ministre des Finances) de Theresa May entre 2016 et 2019, a même torpillé la Première ministre vendredi sur la BBC:

"J'ai bien peur de devoir dire que nous avons fichu en l'air des années et des années d'un travail d'arrache-pied pour bâtir et maintenir notre réputation de parti de la discipline fiscale et de la compétence au gouvernement".

Défiance de l'opinion

Les sondages tendent en tout cas à lui donner raison. Certes, les prochaines élections générales britanniques n'auront lieu en principe que dans deux ans. Mais l'heure est grave. Ainsi, dimanche, l'enquête Opinium, relayée ici par le Guardian, a jaugé à 25 points l'écart creusé par les Travaillistes sur les Tories, 43% des projections contre 28%.

Des statistiques qui, si elles étaient confirmées par les suffrages, permettraient au Labour de rafler 411 sièges à la Chambre des Communes (contre 197 aujourd'hui), la majorité actuelle dégringolant de 356 députés à 137.

L'hostilité du roi

Et les électeurs ne sont pas les seuls à s'avérer dubitatifs au sujet de Liz Truss. Le roi Charles III, dont elle est la première cheffe de gouvernement après avoir été la dernière de sa défunte mère, l'a fort mal reçue mercredi dernier en introduction de leur rendez-vous hebdomadaire.

"Encore vous. Mon Dieu. Bref", a-t-il lâché. De là à penser que la préférence du souverain irait à la laitue...

Article original publié sur BFMTV.com