Liz et l'oiseau bleu : qui est Naoko Yamada, réalisatrice de ce petit bijou d'animation japonaise ?

Après le sublime Silent Voice, sorti en août 2018, Liz et l'oiseau bleu, nouveau film d'animation de Naoko Yamada, a débarqué en salles le 17 avril. L'occasion d'un gros plan sur sa réalisatrice, Naoko Yamada.

UNE JEUNE RÉALISATRICE TALENTUEUSE

Naoko Yamada est née dans la préfecture de Gunma, au Japon, en 1984. La jeune femme a passé son enfance à reproduire des planches de manga et se consacre également beaucoup à la photographie. À l’université d’Art et de design de Kyoto, l'artiste étudie la peinture à l’huile et fait partie du club d’effets spéciaux. Après l’université, elle rejoint Kyoto Animation.

Elle commence par dessiner des images intermédiaires sur les dessins animés, puis est promue « Key Animator » sur la série animée Air. Après avoir réalisé un épisode de Clannad, on lui a demandé de faire ses débuts en tant que réalisatrice sur K-On, série à succès. 

Elle a enchainé avec la série Tamako Market puis Tamako Love Story pour laquelle elle a reçu le New Face Award au Japan Media Arts Festival. Yamada a storyboardé le film entièrement seule, écrivant même les paroles de la chanson du générique. Pour la cinéaste, le plus important est d’observer les gens. Elle se décrit comme une réalisatrice méthodique, qui met l’accent sur la psychologie des personnages, travaillant également ses cadrages avec beaucoup de soin.

En 2016, Naoko sort de l'ombre avec Silent Voice (son second long-métrage après Eiga Keion!). L'oeuvre a atteint la deuxième place au box-office japonais lors de sa sortie, seulement battu par le bulldozer Your Name. Le film a depuis reçu de nombreux prix comme le meilleur film d’animation aux Mainichi Film Awards ainsi que le prix du meilleur film d’animation de l’année par l’académie du Japon, l’équivalent de l’académie des Césars, en 2017.

 

DES THÈMES INÉDITS

Silent Voice brasse les thèmes du harcèlement scolaire, du handicap et de la rédemption avec une poésie et une douceur propres au cinéma d'animation japonais. Ces dernières années, de nombreux réalisateurs sortent de l'ombre écrasante du mythique Studio Ghibli pour s'émanciper et proposer des films d'une qualité exceptionnelle, alliant beauté graphique et finesse scénaristique. 

Parmi ces cinéastes, une jeune réalisatrice sort du lot grâce à Silent Voice, Naoko Yamada : "Je ne voulais pas avoir un avis biaisé. Les gens pensent que le handicap et le harcèlement scolaire sont les sujets principaux de Silent Voice, mais pas vraiment. C’est comme si on disait « Nishimiya est triste parce qu’elle a un problème de surdité », alors on lui impose notre propre perception d’elle. Bien sûr c’est un des obstacles qu’elle doit affronter, mais je ne pense pas qu’elle-même souhaiterait qu’on la plaigne pour ça. Ce qui était important, c’était de l’observer minutieusement : comment elle perçoit le monde qui l’entoure et ce qu’elle en pense. Pas de pitié, juste du respect. C’est comme ça que j’ai travaillé chaque personnage, parce que le film parle avant tout de la nature humaine", confie la cinéaste japonaise.

À l'instar de Your Name de Makoto Shinkai, Hirune Hime (Kenji Kamiyama), Dans un recoin de ce monde (Sunao Katabuchi), Fireworks (Akiyuki Shimbo, Nobuyuki Takeuchi) ou Okko et les fantômes (Kitaro Kosaka), Silent Voice fait briller une nouvelle génération de cinéastes visionnaires et sensibles qui peuvent s'exprimer librement. En ce sens, on a retrouvé en décembre dernier le nouveau long-métrage de Mamoru Hosoda, Miraï, qui traite le thème de l'enfance avec une puissance et une poésie incroyable.

 

L'AVENTURE LIZ ET L'OISEAU BLEU

Le nouveau long-métrage de Naoko Nozawa, Liz et l'oiseau bleu, raconte l'histoire de Nozomi, une jeune femme extravertie et très populaire auprès de ses camarades de classe, doublée d'une talentueuse flûtiste. Quant à Mizore, plus discrète et timide, joue du hautbois. Mizore se sent très proche et dépendante de Nozomi, qu’elle affectionne et admire. Elle craint que la fin de leur dernière année de lycée soit aussi la fin de leur histoire, entre rivalité musicale et admiration. Les 2 amies se préparent à jouer en duo pour la compétition musicale du lycée Kita Uji. Quand leur orchestre commence à travailler sur les musiques de Liz und ein Blauer Vogel (Liz et l’Oiseau Bleu), Nozomi et Mizore croient voir dans cette oeuvre bucolique le reflet de leur histoire d’adolescentes.

Liz et l'oiseau bleu est centré sur l’univers de la série de romans Sound! Euphoniumd’Ayano Takeda, lui-même adapté en série télévisée intitulée Hibike! Euphonium (dont certains épisodes ont été réalisés par Naoko Yamada). Celle-ci est composée de deux saisons, diffusées entre le 7 avril 2015 et le 28 décembre 2016 au Japon, et a connu une grande popularité dans son pays d'origine. Cependant, il n'est pas nécessaire de connaître la série et/ou d'avoir lu les romans pour découvrir Liz et l'oiseau bleu. Le film se concentre sur Nozomi et Mizore, personnages secondaires dans la série.

"Dans un animé, chaque information est contrôlée et je pense que cela est donc plus facile de transmettre ce que l’on veut dire. Même si quelque chose est ambigu ou difficile à retranscrire, c’est faisable. Je ressens ce charme de l’animation où rien n’est une coïncidence", analyse la réalisatrice.

L'animation japonaise, si elle a longtemps souffert des préjugés et des clichés, est en train de totalement se renouveler. Cela est en partie dû à la fin de l'hégémonie du Studio Ghibli, les cinéastes parvenant enfin à prendre leur indépendance pour proposer des animés aux thèmes variés qui traversent les frontières, ne restant pas bloqués au Pays du Soleil Levant. En ce sens, le distributeur Eurozoom fait un travail capital pour la promotion de l'animation japonaise en France.

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