Livres en braille: le combat de Bernard Minier, l'écrivain aux 6 millions d'exemplaires vendus

Les Effacés, le dernier thriller de l'écrivain à succès Bernard Minier sort ce jeudi en librairie. Et pour l'occasion, une version en braille sera elle aussi proposée aux lecteurs, une façon pour Bernard Minier de favoriser l'accès à la lecture aux personnes malvoyantes.

Dans son nouveau roman, Bernard Minier nous emmène en Espagne où son héroïne Lucia Guerrero, enquêtrice de la Guardia civil, est confrontée à deux tueurs sévissant pour l'un dans un milieu populaire et l'autre au sein des ultra-riches.

6% des livres édités en braille en France

Un thriller qui sera bientôt édité en braille pour favoriser l'inclusion des personnes malvoyantes, indique Benard Minier, parrain du Centre de Transcription et d'Édition en Braille (Cteb). Reconnue d'intérêt général, cette association basée à Toulouse s'efforce de développer l'accès à la lecture aux déficients visuels grâce à sa maison d'édition spécialisée dans l'impression braille.

En France, sur 800.000 livres imprimés chaque année, seuls 6% sont édités en braille soit environ 48.000 exemplaires. Un chiffre qui s'explique en partie par le coût important des impressions.

"Éditer et transcrire des livres en braille, ça coûte très cher. Plus ils (les maisons d'édition) vendent de livres et plus ils perdent de l'argent", souligne Bernard Minier à BFMTV.

En effet, l'impression braille n'imprime pas au sens traditionnel du terme, mais embosse des caractères sur un papier spécial, ce qui peut induire un montant important. À titre d'exemple, la version braille d'Harry Potter et l'enfant maudit de J.K Rowling coûte 55 euros en librairie, les coûts d'impression en imprimerie s'élevant quant à eux à 750 euros par livre.

Le risque d'illettrisme chez les malvoyants?

En éditant son nouvel ouvrage en braille, Bernard Minier souhaite lutter contre une certaine forme d'exclusion et favoriser l'égalité des chances en rendant possible l'accès aux livres à tout lecteur.

"Si on ne fait rien, il n'y aura bientôt plus de livre ni de texte transcrit en braille en France", alerte l'écrivain qui en appelle aux pouvoirs publics.

En effet le braille est actuellement le seul moyen permettant aux personnes malvoyantes une appropriation autonome du texte écrit. Il favorise l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du langage, et ne peut en aucun cas être remplacé par des livres audio, explique Bernard Minier.

"Le braille c'est non seulement le texte intégral, mais aussi les points, les virgules, les italiques. On apprend à écrire, à s'exprimer et à construire les phrases", ajoute-t-il. En effet, selon la Fédération des aveugles de France, le système d'écriture braille repose sur six points dont les combinaisons comptent au total 63 signes capables de représenter les lettres de l'alphabet, les accents, les signes mathématiques ou encore scientifiques.

Aujourd'hui, plus de 6 millions de personnes malvoyantes et non-voyantes utilisent l'écriture braille partout dans le monde, indique la Fédération. "Si le braille disparaît, on a très peur qu'il y ait une énorme perte de compétence voire même une forme d'illettrisme chez les malvoyants et ça, ce serait dramatique", s'inquiète Bernard Minier.

Article original publié sur BFMTV.com