LIVRE. "A ciel ouvert" de Barry Lopez : science et contemplation dans l’Ouest américain

Dans une collection de textes célébrant la nature, l’auteur américain Barry Lopez s’interroge sur la présence humaine passée et actuelle dans les espaces sauvages. Des passages de pure contemplation alternent avec un sens de l’aventure et la place de la science. De l’Alaska à l’Arizona.

C’était le 16 juin 1979, un soir de patrouille. Deux policiers repèrent au loin, sur une plage de l’Oregon, sur la côte pacifique des Etats-Unis, des formes aussi énormes qu’inhabituelles. Pas moins de 41 cachalots échoués. Du jamais vu. Cette histoire est l’un des 14 récits (datés de 1978 à 1988) qui composent A ciel ouvert de Barry Lopez (éditions Gallmeister). Elle devient alors l’occasion de décrire un étrange ballet, parfois dérangeant, où s’affrontent des intérêts contraires. Ceux des autorités locales, liés à la sécurité, ceux de curieux affluant en masse, ceux des pilleurs de cadavres, ceux des journalistes et ceux de scientifiques avec qui la communication s’avère difficile. Pendant ce temps, les mammifères, impossibles à sauver, agonisent.

Dans une atmosphère tendue et crépusculaire, ce texte ("Voir les cachalots") résume les enjeux du recueil. A savoir s’interroger sur la place de l’Homme face à une nature qu’il ne comprend pas toujours, qui le dépasse souvent. Qu’il s’agisse de coexister avec elle, de l’exploiter comme de l’étudier scientifiquement. La question ne se résume pas à l’époque contemporaine : il est plusieurs fois question de civilisations précolombiennes, dans A ciel ouvert (anasazi, Tradition Folsom, culture Clovis), qui ont réussi à se développer et bâtir des cités complexes dans des régions inhospitalières.

A ciel ouvert de Barry Lopez Crédit : Gallmeister
A ciel ouvert de Barry Lopez Crédit : Gallmeister

Littérature, naturalisme et militantisme

Le livre est paru en France chez Gallmeister, connu pour éditer des textes de “nature writing” (même s’il a depuis élargi ses horizons), comme ceux de Pete Fromm, déjà interviewé dans Sciences et Avenir, Doug Peacock, défenseur acharné des grizzly, ou Edward Abbey, chantre des déserts du sud-ouest américain. Ce genre littéraire est un mélange d’observations naturalistes (certains auteurs ont des formations scientifiques), de contemplation, d’introspection, parfois de militantisme.

Auteur d’une somme sur les régions polaires, Rêves Arctiques (toujours chez Gallmeister), Barry Lopez descend ici l[...]

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