La littérature en espagnol s’exporte mal sur le Vieux Continent

Il y a quelque chose d’artificiel dans le succès international de l’écrivaine espagnole Carmen Mola. Déjà, comme cela avait été révélé l’an dernier, ce sont trois hommes qui se dissimulaient derrière ce pseudonyme. Mais en outre, ce phénomène de librairie – dont se sont emparé les éditions Actes Sud en France – est l’arbre qui cache la forêt. Car, en réalité, les romans écrits au pays de Cervantès occupent “une position médiocre” en Europe, s’inquiète le quotidien madrilène El País.

À l’occasion du premier Colloque européen de traducteurs organisé par la Fondation Formentor, à Las Palmas, sur les îles Canaries, El País a interrogé un aréopage de professionnels. Le bilan qui se dégage de ces entretiens n’est guère réjouissant. Après quelques belles années, “la littérature espagnole a perdu des places en Europe et a été dépassée dans certains pays par la littérature italienne”, constate le journal.

Selon le Vénézuélien Gustavo Guerrero, conseiller pour la langue espagnole chez l’éditeur français Gallimard, 18 % des livres publiés en France sont des traductions. Près de 60 % d’entre eux ont été écrits en anglais, 18,5 % en japonais, 4,3 % en italien, 4 % en allemand et enfin 3 % en espagnol. Dans les années 1980 et 1990, les ouvrages traduits de cette dernière langue ont perdu deux places dans ce classement. Outre-Pyrénées, à l’inverse, 10 % des livres traduits ont leur original dans la langue de Molière.

Il manque un canon

Alors qu’il compte 500 millions de locuteurs dans le monde, contre 60 millions pour l’italien, “l’espagnol n’a pas su profiter de la croissance du volume de la production française”, observe Guerrero dans El País. Et dans un pays comme la Finlande, où c’est une des langues les plus étudiées, il ne représente que 2 % des traductions.

Du côté allemand, le traducteur Christian Hansen regrette qu’il “manque une vision de l’histoire et de la littérature espagnole, il manque un canon”. Autrement dit, certains auteurs sont connus, mais aucun panorama global ne se dégage. Sans compter qu’à en croire sa compatriote l’éditrice Margit Knapp, plus d’auteurs italiens et français ont émergé outre-Rhin ces vingt-cinq dernières années que d’écrivains espagnols.

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