L'Italienne Giorgia Meloni en Libye pour les dossiers énergie et migration
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni était samedi à Tripoli, son deuxième déplacement cette semaine sur la rive sud de la Méditerranée, pour évoquer les questions énergétiques mais également la question épineuse des flux migratoires.
C'est la première visite d'un chef de gouvernement ou d'Etat européen depuis la venue de son prédécesseur Mario Draghi en avril 2021 en Libye. À son arrivée, la dirigeante italienne a été reçue par Abdelhamid Dbeibah, chef du gouvernement d'unité nationale, l'exécutif basé à Tripoli (ouest) et reconnu par l'ONU, selon des images télévisées fournies par le gouvernement libyen.
Les deux dirigeants ont écouté les hymnes nationaux interprétés par une fanfare avant de s'enfermer dans un salon d'un luxueux hôtel de Tripoli pour des entretiens à huis clos.
Contrats gaziers
L'Italie, ancienne puissance coloniale, est pour la Libye un partenaire commercial de premier plan, notamment dans le domaine des hydrocarbures, avec une importante présence du groupe Eni dans le pays doté des plus abondantes réserves de pétrole d'Afrique.
À ce titre, le géant italien de l'énergie a signé ce samedi avec la Compagnie nationale de pétrole (NOC) libyenne un accord "historique" pour l'exploitation de deux gisements gaziers au large de la Libye.
"Nous sommes ici aujourd'hui pour signer l'accord le plus important des 20 dernières années", a déclaré Claudio Descalzi, PDG d'Eni, avant la signature officielle à laquelle ont assisté la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et son homologue libyen.
Il s'agit du "premier grand projet développé en Libye depuis 2000" sur deux champs situés au large, capables de produire "dès 2026, entre 750 et 800 millions de mètres cubes de gaz par jour", a précisé dans un communiqué Eni, présente dans le pays depuis 1959.
Ce partenariat, qualifié d'"historique" par M. Descalzi, permettra "des investissements importants" dans le secteur énergétique, "la création d'emplois" en Libye et le renforcement de la position de d'Eni qui est déjà "le premier opérateur" avec 80% de la production de gaz libyen.
Il permettra de "répondre à la majorité des besoins libyens et un tiers de la capacité sera exportée vers l'Italie".
L'accord prévoit "l'investissement de 8 milliards (de dollars) sur une période de trois ans", un partenariat que le secteur "n'a pas connu depuis 25 ans", a renchéri Farhat Bengdara, patron de la NOC.
Rome est en quête de nouveaux approvisionnements énergétiques, depuis l'arrêt des livraisons de gaz russe, consécutives à la guerre en Ukraine. La Première ministre italienne était d'ailleurs en Algérie quelques jours auparavant, pour renforcer son partenariat avec le pays du Maghreb, principal exportateur de gaz d'Afrique.
La question migration évoquée
Outre le volet économique, la migration était au centre des entretiens entre les deux chefs de gouvernement, l'Italie étant directement concernée par l'arrivée massive de migrants clandestins partant des côtes libyennes.
Le chaos qui a suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 a fait de la Libye une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants, originaires d'Afrique sub-saharienne, de pays arabes et d'Asie du Sud, cherchant à rejoindre l'Europe.
Le gouvernement d'extrême droite de Giorgia Meloni est arrivé au pouvoir en octobre en promettant de stopper l'immigration clandestine en Italie, alors que plus de 105 000 migrants y sont arrivés par la voie maritime en 2022, selon le ministère italien de l'Intérieur.
La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). L'agence onusienne estime qu'en 2022, 1 377 migrants y sont morts ou portés disparus.