Italie: Pas de décision sur le budget, poursuite des discussions

Aucune décision n'a été prise et les discussions doivent se poursuivre, a indiqué une source gouvernementale alors que Luigi di Maio et Matteo Salvini souhaitent un déficit plus important que celui auquel le ministre de l'Economie, Giovanni Tria (photo), est prêt à consentir. /Photo prise le 6 juin 2018/REUTERS/Tony Gentile

par Ilaria Polleschi et Angelo Amante

MILAN (Reuters) - Les principaux ministres du gouvernement italien se sont réunis lundi pour discuter du montant du déficit budgétaire de l'Italie pour 2019 alors que des divergences sont apparues sur cette question au sein de la coalition au pouvoir.

Aucune décision n'a été prise et les discussions doivent se poursuivre, a indiqué une source gouvernementale alors que Luigi di Maio et Matteo Salvini souhaitent un déficit plus important que celui auquel le ministre de l'Economie, Giovanni Tria, est prêt à consentir.

"Les choix sur la loi de finances doivent être courageux", a commenté Di Maio, leader du Mouvement 5 Etoiles (M5S), après la réunion dans le bureau du président du Conseil Giusappe Conte.

Selon le Corriere della Sera, Giovanni Tria, qui n'a pas d'affiliation politique, souhaite que le déficit budgétaire ne dépasse pas 1,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2019.

Cela constituerait un doublement par rapport au 0,8% actuel mais serait inférieur aux attentes des marchés qui craignent une explosion de ce déficit pour financer les dépenses sociales et les réductions d'impôts promises par le M5S et par la Ligue (extrême droite).

L'objectif de Tria est de commencer à "arrêter certains chiffres" et de décider du montant des crédits alloués aux différentes mesures envisagées, écrit le Corriere della Sera qui a rapporté en premier l'information.

Ces informations ont été bien accueillies à la Bourse de Milan, dont l'indice phare FTSE MIB a clôturé en hausse de 1,08%.

La réaction était encore plus nette sur le marché des emprunts d'Etat, très sensible à la perception du risque de dérapage budgétaire d'un pays dont la dette représente plus de 130% du produit intérieur brut (PIB).

Le rendement des obligations souveraines italiennes à 10 ans est retombé de plus de dix points de base à 2,86%.

Giuseppe Conte s'est refusé à confirmer lundi que le déficit budgétaire serait plafonné à 1,6% en 2019.

Il a déclaré que la réunion servirait à examiner le financement des mesures souhaitées par les membres de la coalition gouvernementale et que ce n'est qu'au terme de ce processus que l'ampleur du déficit serait connue.

PRIORITÉS DIVERGENTES

"Ça sera la dernière chose qui sera portée à votre connaissance une fois qu'on aura tout arrêté", a déclaré le président du Conseil en marge d'une réunion de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Rome.

Selon le Corriere della Sera, Giuseppe Conte ne devrait pas contester le plafond de 1,6% souhaité par Giovanni Tria, même si cela implique qu'il lui sera très difficile de satisfaire les demandes de Matteo Salvini et Luigi Di Maio.

Les préparatifs du budget ont fait apparaître des tensions entre les deux composantes du gouvernement, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S), qui ont en commun de vouloir augmenter les dépenses publiques et tourner la page des mesures d'austérité destinées à réduire le déficit sans pour autant être d'accord sur les priorités.

Luigi Di Maio a déclaré à des journalistes à Milan que le prochain budget respecterait le "contrat" conclu entre le M5S et la Ligue avant la formation du gouvernement en juin, tout en réduisant les dépenses "inutiles".

"Ce budget (...) doit commencer à couper tout ce qui est superflu, on ne peut plus se permettre de jeter l'argent par les fenêtres dans ce pays", a-t-il dit.

Le gouvernement doit établir ses objectifs de déficit et de dette d'ici au 27 septembre et présenter son budget au Parlement avant le 20 octobre.

D'après les calculs du Corriere della Sera, pour s'en tenir à 1,6% de déficit, Rome devra trouver 10 milliards d'euros de revenus supplémentaires ou réduire d'autant les dépenses budgétaires.

Si le gouvernement voulait mettre en oeuvre ne serait-ce que certaines des mesures réclamées par la Ligue et le M5S, les financements à dégager s'élèveraient à 15 milliards d'euros, ajoute-t-il.

Cela pourrait créer des tensions au sein de la coalition, le M5S défendant sa mesure phare d'un "revenu de citoyenneté" pouvant aller jusqu'à 780 euros par mois, tandis que la Ligue a comme priorité une baisse de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur les sociétés.

(Patrick Vignal et Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand)