L'Italie s'oppose à l'usage contre le territoire russe des armes fournies à l'Ukraine

Rome s'oppose à l'utilisation des armes fournies à l'Ukraine contre des cibles situées sur le territoire russe, a réitéré dimanche la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, commentant des propos du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg ouvrant cette option.

"Je ne sais pas pourquoi M. Stoltenberg a dit une chose pareille, je pense qu'il faut être très prudent. Je suis d'accord que l'Otan doit rester ferme, ne pas donner le signal qu'elle cède", a-t-elle dit lors d'une émission télévisée.

Une possibilité qui doit être "évaluée"

Jens Stoltenberg a déclaré samedi, dans une interview télévisée à l'hebdomadaire The Economist, que "le moment est venu pour les alliés d'évaluer la possibilité d'éliminer certaines restrictions sur l'utilisation des armes qu'ils ont fournies à l'Ukraine".

"Plus particulièrement maintenant, alors qu'il y a d'importants combats à Kharkiv", deuxième ville du pays qui est visée régulièrement par les forces de Moscou, "nier à l'Ukraine la possibilité d'utiliser ces armes contre des cibles militaires légitimes situées en territoire russe, rend pour eux beaucoup plus difficile la possibilité de se défendre", a-t-il ajouté.

Tollé à Rome

Ces déclarations ont suscité un tollé à Rome qui aide militairement l'Ukraine mais craint un élargissement du conflit. Matteo Salvini, vice-Premier ministre et chef de la Ligue anti-migrants, a réagi vivement aux déclarations de Jens Stoltenberg: "ce monsieur, soit il demande pardon, soit il rectifie ses propos, soit il démissionne", a-t-il lancé lors d'une manifestation électorale à Naples.

L'autre vice-Premier ministre et chef de la diplomatie, Antonio Tajani, avait dès samedi rappelé que "les instruments militaires envoyés par l'Italie" doivent "être utilisés à l'intérieur de l'Ukraine" et non contre le territoire russe.

Une demande de Kiev

Dès jeudi, avant même l'interview de Jens Stoltenberg, le Kremlin avait dénoncé les appels d'élus américains à autoriser l'Ukraine à utiliser les armes fournies par Washington pour frapper le territoire russe, y voyant une "escalade".

Kiev réclame de pouvoir frapper avec les armements occidentaux les bases arrières et positions situées sur le territoire russe, ce qu'Européens et Américains interdisent de crainte de provoquer une aggravation du conflit.

"A Washington et dans plusieurs capitales européennes, certains essayent avec zèle de provoquer, de hausser sans cesse le niveau d'escalade. A cet égard, on peut qualifier leur position d'irresponsable", avait dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Article original publié sur BFMTV.com