L'Italie doit se préparer au rejet de son budget par l'UE, dit un responsable italien

Le projet de budget italien pour 2019 pourrait bien être rejeté par la Commission européenne et la note du pays dégradée par les agences de notation internationales. /Photo d'archives/REUTERS/Stefano Rellandini

ROME (Reuters) - Le projet de budget italien pour 2019 pourrait bien être rejeté par la Commission européenne et la note du pays dégradée par les agences de notation internationales, a déclaré mercredi un haut responsable du gouvernement italien.

"Disons qu'on en est aux prémices", a dit Stefano Buffagni, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires régionales, interrogé par Radio Capital sur la possibilité pour la Commission d'engager une procédure contre l'Italie pour infraction aux règles budgétaires européennes.

"Le président du Conseil (Giuseppe) Conte va à Bruxelles pour expliquer les motivations" qui sont derrière ce budget, a-t-il ajouté à quelques heures de l'ouverture à Bruxelles du conseil européen.

Rome a adressé lundi soir à la Commission son projet de loi de finances pour 2019, qui prévoit une nette hausse des dépenses publiques, finançant notamment la création d'un "revenu de citoyenneté", l'abaissement de l'âge légal de la retraite, la mise en oeuvre d'une amnistie fiscale partielle et des allègements de taxes et d'impôts pour les travailleurs indépendants.

Ce budget "expansionniste" prévoit de porter le déficit public à 2,4% du PIB italien, bien au-dessus de la trajectoire dessinée par le précédent gouvernement italien.

L'exécutif européen dispose de deux semaines pour l'accepter, demander des ajustements ou le rejeter, ce qui serait une première depuis la mise en place de la nouvelle procédure en 2013.

Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, cité mardi par l'agence italienne Ansa, a prévenu que certains Etats membres refusaient d'accorder à l'Italie la souplesse budgétaire que réclame la coalition Mouvement 5 Etoiles-Ligue.

Cité mercredi par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, le commissaire européen Günther Oettinger déclare que le projet "a confirmé la suspicion que le projet de budget italien pour 2019 n'est pas conforme aux obligations qui existent dans l'UE".

Selon le Spiegel, la réponse de Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques et financières, devrait arriver jeudi ou vendredi à Rome.

"Je n'ai pas dit qu'il y avait une décision de la Commission sur l'Italie", a rectifié Oettinger sur Twitter. "C'est mon opinion personnelle que, sur la base sur des chiffres, il est très probable que nous aurons à demander à l'Italie de corriger son projet de budget", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'avait pas évoqué de lettre d'ici jeudi ou vendredi.

MERKEL PRÔNE DES POLITIQUES BUDGÉTAIRES RESPONSABLES

Sans citer l'Italie, la chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré mercredi à Berlin que chacun des pays membres de la zone euro devait s'assurer de sa stabilité budgétaire.

"Dans l'union monétaire, chaque Etat membre est responsable de sa politique économique et de sa politique budgétaire. Chaque Etat dans la zone euro est obligé de se soucier de stabilité et de mettre en oeuvre les réformes nécessaires pour sa compétitivité", a ajouté Merkel devant le Bundestag, avant de gagner Bruxelles.

"Dans le même temps, ainsi que nous l'avons appris d'une expérience douloureuse, dans une union monétaire, nous sommes si étroitement imbriqués les uns avec les autres que des politiques nationales sont toujours susceptibles d'avoir des effets sur d'autres Etats membres", a-t-elle poursuivi sous les applaudissements nourris d'une partie des députés.

"Des finances publiques solides sont aussi une condition pour la confiance placée dans l'union monétaire."

Pour Stefano Buffagni, une dégradation de la note italienne "ne peut être exclue et nous devons être prêts si elle se produit". Mais selon lui une telle dégradation ne serait pas justifiée "car l'Italie a des fondamentaux économiques très solides".

Moody's, qui a attribué à l'Italie la note de Baa2 assortie de perspectives négatives, a annoncé son intention de la réviser fin octobre, lorsque le gouvernement aura soumis ses objectifs budgétaires à la Commission européenne.

Standard & Poor's, qui note la dette italienne BBB avec une perspective stable, doit réévaluer la situation le 26 octobre.

(Steve Scherer avec Madeline Chambers et Riham Alkousaa à Berlin; Guy Kerivel et Henri-Pierre André)