La liste des 318 héros "issus de la diversité" auxquels Macron veut rendre hommage fuite dans la presse

Conformément à la promesse formulée par le président auprès du média Brut, l'État fera en sorte que des noms comme ceux d'Aimé Césaire, Dalida, Serge Gainsbourg ou Gisèle Halimi soient mis à l'honneur, par exemple à travers des noms de rue.

Le titre de la liste tient en trois mots: "Portraits de France". Dedans, 318 noms de héros "issus de la diversité" sont énumérés. Ils sont le fruit d'une promesse formulée par Emmanuel Macron le 4 décembre, lorsqu'il avait été invité par le média en ligne Brut. À l'époque, le chef de l'État s'engage à mettre à l'honneur "300 à 500" personnes, illustres ou inconnues du grand public, issues des Outre-Mer, des anciennes colonies et de l’immigration.

L'idée était donc de confier à un comité composé d'une vingtaine d'experts et de scientifiques, sous l'égide de l'historien Pascal Blanchard, la préparation de cette liste. Leurs travaux, révélés mercredi par le Huffington Post, ont été remis au président de la République en février. La liste définitive a été validée et devait être présentée bientôt par Nadia Hai, la ministre déléguée en charge de la Ville.

"Le cabinet de Hai est furieux. Je ne sais pas comment ils ont merdé, mais ça vient de chez eux", nous explique un conseiller ministériel, plutôt embêté. Un autre nous le confirme.

Plus "juste" représentation

Ce petit couac ne changera rien à la finalité. L'objectif est de donner aux maires des idées de personnalités qui leur permettraient de renouveler les noms de certaines rues ou bâtiments publics. D'assurer une plus "juste" représentation de l'Histoire française dans notre espace public.

Dans la liste, on trouve tous les pans de l'immigration venue en France au fil des décennies et des siècles. Des personnalités originaires de l'Amérique ou de l'Asie y sont également citées. Il y a aussi des mentions symboliques allant de Georges Wolinski, l'un des dessinateurs de Charlie Hebdo tués lors de l'attentat du 7 janvier 2015, à Cherif Cadi, premier musulman admis à l'École Polytechnique en 1887.

Ces dosages ont généré des tensions entre cabinets ministériels, certains membres du gouvernement ayant des visions parfois contradictoires de la façon dont il faut aborder le débat public sur l'identité française.

Histoire coloniale

Parmi les femmes choisies, qui représentent un nom sur cinq, on trouve la cinéaste Chantal Akerman, la militante féministe et avocate Gisèle Halimi, la chanteuse Annie Cordy et la journaliste Françoise Giroud. Et ce n'est pas tout. Il y a également des artistes célèbres dont les racines familiales étaient étrangères, comme Michel Colucci, dit Coluche, Iolanda Gigliotti, dite Dalida, ou Lucien Ginsburg, dit Serge Gainsbourg.

Charles Aznavour, Lino Ventura, Henri Salvador, mais aussi des personnalités venant du sport comme Raymond Kopa, Raoul Diagne ou Pape Diouf, l'ex-président de l'Olympique de Marseille récemment décédé, sont également présents dans la liste.

En cette année de bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, dont Emmanuel Macron a récemment fait savoir qu'il le commémorerait malgré la controverse que peut susciter le personnage, l'Élysée a décidé d'aborder parallèlement notre histoire coloniale. En témoigne l'inclusion, dans ces "portraits de France", du Guadeloupéen Louis Delgrès, qui a lutté contre les troupes napoléoniennes après que le Premier consul a rétabli l'esclavage en 1802. Des figures de la décolonisation algérienne sont également citées.

Article original publié sur BFMTV.com

Ce contenu peut également vous intéresser :