Lire en public ses vieux journaux intimes

[Toutes les semaines, nous publions un contenu de la série “En vrai, c’est comment” de Die Zeit, qui présente de courts témoignages. Cette semaine : une femme qui organise des Diary Slams.]

Quand j’étais jeune, je tenais assidûment mon journal. La plupart des entrées tournaient autour du même thème : j’étais à la recherche d’un copain et j’avais peur d’être la seule à rester célibataire.

Pour savoir où j’en étais, j’ai dressé la liste des garçons qui étaient envisageables.

Les sujets des journaux intimes de jeunesse sont invariables : les affres de l’amour, les rapports conflictuels avec les parents, les moments saillants de la vie scolaire.. PHOTO CHARLES GULLUNG/Image Source/AFP
Les sujets des journaux intimes de jeunesse sont invariables : les affres de l’amour, les rapports conflictuels avec les parents, les moments saillants de la vie scolaire.. PHOTO CHARLES GULLUNG/Image Source/AFP

C’étaient pour la plupart des types de mon école mais il y en avait aussi sur lesquels j’étais tombée quelque part et dont je ne connaissais parfois même pas le nom. “Je craque complètement. J’ai 1 nouveau numéro 1 sur ma liste : 1. Benny. 2. Les deux Thomas. 3. Christoph/Nicky. 4. Simon/ les 2 d’Ansbach.”

Leonardo DiCaprio se trouvait en dernière position.

Au fur et à mesure que je grandissais, j’ai perdu l’envie d’écrire. Mes notes prenaient la poussière dans l’armoire de ma chambre de jeune fille.

Plus de cent participants

Jusqu’au jour où j’ai lu un article sur un événement qui se déroulait à New York : c’étaient des gens qui lisaient le journal intime de leur jeunesse en public.

J’ai trouvé l’idée complètement dingue et j’ai su tout de suite que je voulais faire la même chose en Allemagne.

Nadine Wedel lors d’une lecture à Hamburg. . PHOTO DIARY SLAM
Nadine Wedel lors d’une lecture à Hamburg. . PHOTO DIARY SLAM

J’ai commencé le Diary Slam il y a treize ans avec une partenaire. On n’avait jamais pensé que ce serait un tel succès.

On a eu plus de cent personnes, en majorité des femmes, qui sont montées sur scène chez nous à Hambourg.

La plus âgée de nos lectrices avait 75 ans, la plus jeune 18.

On pourrait penser que l’époque a laquelle on a été jeune change beaucoup de choses mais les sujets restent toujours les mêmes : chagrins d’amour, conflits avec les parents, trucs vécus pendant les vacances ou une excursion scolaire.

Et l’amour non réciproque du fan marche toujours très bien.

Ce qui fait le charme des Diary Slams, c’est que si bizarres que paraissent les notes des autres, on s’y retrouve. Et on constate qu’on n’était pas aussi seul qu’on le croyait à l’époque.

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